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Détournements de bateaux: les pirates somaliens sont de retour

Un pétrolier battant pavillon des Comores a été détourné lundi 13 mars 2017 dans le secteur du golfe d'Aden, une première depuis 2012. Pourtant la piraterie est toujours très active partout dans le monde.C’est pourquoi l’Union européenne a décidé de prolonger l’opération Atalante, mission de surveillance du golfe d’Aden et des côtes somaliennes.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min

L’Aris 13 a brusquement disparu des écrans radar, après avoir dévié de sa route, au passage de la pointe somalienne. Il avait lancé un message de détresse peu de temps avant. Il indiquait être suivi par  deux petites embarcations rapides. Un mode opératoire classique des pirates de la région. Lourdement armés, ils abordent leur cible bien plus lente.
 
Le petit tanker a été retenu au mouillage, près d’Alula, un port du Puntland. Une information confirmée par les gardes-côtes de la région qui ont menacé les pirates de donner l'assaut s'ls ne libéraient pas l'équpage. La menace a payé, les pirates sont partis, et le bateau a pu reprendre sa route. Les autorités ont refusé de dire si une rançon avait été versée.
 
Revoilà donc la piraterie maritime, et en particulier somalienne à la une des médias. Selon John Steed, le porte-parole d’une ONG spécialisée dans la piraterie maritime, il n’y avait pas eu d’attaque depuis 2012. «Mais plusieurs navires ont été attaqués ou été la cible de manoeuvres d'approches suspectes, sans que les pirates ne parviennent à s'en rendre maîtres.»
Au plus fort de la crise, au début de l’année 2011, les pirates somaliens de tous poils détenaient 32 bateaux et 736 otages. Le site de l’ONG Ocean Beyond Piracy parle d’une série d’attaques en 2015. Au moins 9 navires marchands, cinq boutres et un bateau de pêche ont été attaqués. L’organisation y voit un signe du réveil des pirates.
 
Pourquoi ce sommeil des pirates ?
Suite à ces attaques, les organismes internationaux ont édicté une série de recommandations aux marins naviguant dans ces eaux. La plus sophistiquée est de s’inscrire au contrôle naval volontaire en Océan Indien. Ainsi, votre navigation sera tracée en permanence. Les conseils plus basiques sont d’éviter le cabotage de nuit et de mouiller trop près de la côte.
 
Des recommandations adressées également aux navires commerciaux. L’inscription au contrôle naval est cette fois obligatoire, et les bateaux doivent naviguer dans un corridor baptisé IRTC, qui entre et sort du golfe d’Aden. Il existe même un vademecum de la navigation dans ces eaux tumultueuses, baptisé BMP4 afin de bien se protéger contre la piraterie.
 
Sécurité renforcée
Depuis 2012, les voies maritimes se sont naturellement écartées des côtes somaliennes, afin de minimiser les risques. Les attaques de l’époque s’étendaient jusqu’à l’entrée du canal du Mozambique. Depuis, le trafic s’étant raréfié, la piraterie semblait avoir disparu. Les bateaux contraints de naviguer dans la zone à risque ont également embarqué des gardes afin d’assurer leur sécurité. Les attaques mises en échec ont été très médiatisées, ce qui a sans doute calmé les véléités.
 

Enfin, les Etats ont pris en main la sécurité de la zone en y déployant une flotte de surveillance et d’intervention. C’est le cas de l’Europe qui a prolongé, jusqu’en 2018, l’opération Atalante, lancée en 2008. Selon les moments elle dispose de 4 à 8 bâtiments de guerre, d’avions de patrouille maritime et de troupes d’intervention.
 
Tout cela a contribué à pacifier la région. Mais la baisse d’intensité des attaques de pirates ne doit pas faire illusion quant à la menace toujours réelle. Le ministère français des Affaires étrangères, sur son site, précise que dans l’océan Indien des groupes de pirates demeurent actifs et que «le risque de résurgence de cette menace restera fortement prégnant tant que la situation économique et politique ne sera pas résolue en Somalie.»

Quant à l'Aris 13, c'est parcequ'il ne respectait pas toutes ces procédures, qu'il a été capturé par les pirates. 

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