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Zambie : les autorités n’aiment pas la téléphonie via internet

La Zambie a décidé d'imposer une taxe sur les appels téléphoniques passant par internet. Selon les autorités locales, il s’agit de protéger les entreprises de télécommunications classiques. Une mesure aussitôt dénoncée par les défenseurs de la liberté d'expression.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Un utilisateur de smartphone en Afrique (AFP - GODONG / BSIP)

Les services de téléphonie en ligne tels que Skype, WhatsApp et Viber «menacent l'industrie des télécommunications et l'emploi dans des compagnies telles que Zamtel, Airtel et MTN», a justifié le 21 août 2018 la porte-parole du gouvernement, Dora Siliya.

«Le gouvernement a donc décidé d'introduire une taxe quotidienne de 30 ngwee (un peu moins de 3 centimes d'euro) sur les appels téléphoniques via internet», a-t-elle ajouté. Celle-ci sera collectée par les opérateurs téléphoniques et les fournisseurs d'accès à internet, selon le projet dévoilé par les autorités.

Cette annonce intervient après l'adoption en Ouganda d'une taxe très controversée (équivalant à 4,3 centimes d’euro par jour) sur l'utilisation des réseaux sociaux.

«C'est une attaque délibérée contre la liberté d'expression et d'association, un nouvel exemple du plan ourdi par l'Etat pour restreindre la liberté sur le web», a déploré le responsable de l'ONG Bloggers of Zambia, Richard Mulonga. «Ces gens continuent à restreindre nos libertés», a renchéri le militant des droits de l'Homme Brebner Changala.

Déliquescence des «normes culturelles»
En juillet, le ministre de la Communication, Brian Mushimba, avait annoncé devant le Parlement son intention de réguler internet et les réseaux sociaux. Il les accuse de favoriser la déliquescence des «normes culturelles» de la société.

Brian Mushimba a justifié la taxe sur les appels téléphoniques par des raisons purement économiques. «Nous ne croyons pas à la répression des médias, nous croyons à la liberté d'expression. Cette décision n'est qu'économique car nous perdons de l'argent. Si Skype et WhatsApp gagnent de l'argent, pourquoi pas nous ?», s'est interrogé le ministre auprès de l'AFP. «Les emplois dans les centres d’appels et les plates-formes de vente, les techniciens des opérateurs téléphoniques vont disparaître de manière radicale si davantage de Zambiens utilisent les services de téléphonie par internet. Ce faisant, ils contribuent à créer des emplois en Amérique et ailleurs. Conservons nos emplois. Les Zambiens en ont besoin», selon Dora Siliya citée par le site lusakatimes.com.

Depuis sa réélection en 2016, le président Edgar Lungu est régulièrement accusé par ses adversaires politiques de dérive autoritaire. Il a essuyé de vives critiques en 2017 en faisant emprisonner son principal rival, Hakainde Hichilema.

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