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Viol, malnutrition, sida, travail forcé... Les enfants, victimes silencieuses de la guerre en Centrafrique

Le viol, la malnutrition, le sida, le travail forcé dans les groupes armés: aucun de ces maux n'épargne les enfants de Centrafrique, dont deux sur trois, soit 1,5 million, ont besoin d'assistance humanitaire, selon l'ONU.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Enfants souffrant de malnutrition, photographiés au complexe pédiatrique de Bangui, le 4 décembre 2018. (FLORENT VERGNES / AFP)

Avec cinq pédiatres dans tout le pays, tous basés dans la capitale Bangui, une mortalité néo-natale la plus élevée au monde, les enfants centrafricains sont en grand danger. "On a l'habitude de dire que la Centrafrique est l'un des pays les plus difficiles pour être un enfant", explique à l'AFP Donaïg Le Dru, porte-parole de l'Unicef en Centrafrique. 

"Aujourd'hui, la vie est peut-être encore plus difficile et plus dangereuse pour les enfants qu'elle ne l'était au plus fort de la crise" il y a cinq ans, note un rapport de cette organisation sur la situation des petits Centrafricains, publié le 30 novembre et intitulé "Une urgence négligée".

Le texte constate "une forte recrudescence des combats, qui se sont étendus à des régions du pays auparavant épargnées par la violence" et s'inquiète des conséquences pour les enfants dans un pays déjà dépourvu de tout.

Selon des chiffres onusiens, l'espérance de vie y est de 52 ans, trois personnes sur cinq vivent avec moins de 1,9 dollar par jour et près de la moitié de la population n'a pas accès à l'eau potable.

L'enfance n'est pas épargnée par ces statistiques alarmantes: la mortalité néo-natale y est la plus élevée au monde avec un enfant sur 24 qui meurt dans les 28 premiers jours de sa vie.

Le nombre de ceux qui sont atteints de malnutrition sévère ou aigüe est passé de 32 348 à 43 000 entre 2014 et fin 2018.

Enfance abandonnée 

L'hôpital de Bangui est le seul du pays à disposer de pédiatres, au nombre de cinq. Les régions, en grande partie sous la coupe de groupes armés, sont totalement démunies en équipements et personnel.

Dans l'unité dédiée à la lutte contre la malnutrition, les pleurs d'enfants décharnés marquent l'heure de la pesée, a constaté un journaliste de l'AFP.

Tour à tour, les 61 enfants qui s'y trouvent, aux côtes parfois saillantes, sont placés sur une balance pour surveiller l'évolution de leur poids. En général, l'hospitalisation dure 8 jours.

Le recrutement forcé par les groupes armés est un autre fléau qui touche les petits Centrafricains: 14.000 ont été enrôlés par ces groupes depuis 2012, selon l'ONG Child Soldiers International (lien en anglais).

Inutile de sortir de la capitale pour constater la réalité de ces chiffres.

Dans le quartier commerçant à majorité musulmane du PK5 à Bangui, régulièrement frappé par des violences, les checkpoints informels des milices dites "d'autodéfense" sont souvent occupés par des enfants, joint aux lèvres et kalashnikov à la main.

Les filles, esclaves sexuelles 

Si la démobilisation de ces enfants constitue un défi en soi, leur réintégration l'est tout autant.

Ceux "qui ne ne bénéficient pas d'appui à la réintégration sont parfois rejetés par leur famille", selon le rapport de l'Unicef.

Les filles sont stigmatisées car elles sont considérées comme "corrompues" sexuellement et ces enfants risquent fort de rejoindre de nouveau les groupes armés

Unicef

Les filles sont aussi victimes du recrutement forcé par les groupes armés dans lesquels elles sont souvent réduites à l'esclavage sexuel.

"Des milliers de filles sont victimes de violences sexuelles, commises non seulement par des membres des groupes et des forces armées, mais également par des personnes qu'elles connaissent", selon l'Unicef.

L'organisation pour la protection de l'enfance souligne que près de deux tiers des filles sont mariées avant l'âge de 18 ans, et 29% avant 15 ans.

Une mère veille sur son bébé né séropositif à l’hôpital de Bangui, le 4 décembre 2018. (FLORENT VERGNES / AFP)

Instabilité chronique

Le conflit qui ravage la Centrafrique depuis 2013 a entraîné d'importants déplacements de populations: quelque 620.000 personnes ont dû fuir les violences, dont 573.000 ont trouvé refuge dans les pays voisins, notamment au Cameroun, au Tchad et en République démocratique du Congo (RDC)

En 2013, le président François Bozizé avait été renversé par la rébellion de la Séléka, majoritairement composée de musulmans du nord du pays.

En réponse, des milices d'auto-défense Antibalaka, composées de Centrafricains en majorité chrétiens et animistes, avaient mené une contre-offensive.

La quasi-totalité du territoire reste contrôlée par des groupes armés qui combattent pour s'accaparer des ressources minières (or, diamants) et renforcer leur influence locale.

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