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Une journaliste égyptienne réclame le retour de la polygamie en… Tunisie

La présidente de l’association Initiative pour la polygamie en Egypte, Mona Aboshanab, entend étendre son combat au reste du monde musulman. Sa principale cible: la Tunisie, qui interdit cette pratique. «A cause de la colonisation française», s’insurge l’animatrice d’une chaîne de télévision gouvernementale. Les femmes tunisiennes ne décolèrent pas.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
La journaliste égyptienne Mona Aboshanab (Capture d'écran/FTV)

La polémique sévissait depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. Les médias s’en sont saisis et les débats déjà enflammés tournent au pugilat et à la dérision. Tout est parti d’une vidéo postée par la journaliste égyptienne Mona Aboshanab le 10 octobre 2017.

Fondatrice et présidente de l’association Initiative pour la polygamie en Egypte, la journaliste de la première chaîne gouvernementale s’en prend directement à la Tunisie, et par ricochet à la France. Sa première critique est dirigée contre l’ancien président tunisien Habib Bourguiba qui a interdit la polygamie dès 1956. «Les Tunisiens appliquent la loi issue de la colonisation française. La polygamie est la loi d’Allah. La Tunisie, malheureusement, est le seul pays musulman à avoir interdit la polygamie».




La militante pro-polygamie promet les geux de le Géhenne aux Tunisiens qui préfèrent le Code civil à «la loi divine». Et s'en prend aux théologiens. «La polygamie est conforme à l’esprit de l’islam. Je ne comprends pas pourquoi les femmes en Tunisie la refusent-elles? Et je ne comprends d’ailleurs pas le silence assourdissant des oulémas tunisiens à propos de cette question fondamentale. Vous serez jugés devant Allah si vous continuez ainsi», promet-elle.




Dans ses posts sur les réseaux sociaux, elle énumère les avantages de la polygamie: «Résolution de tous les problèmes sociaux et moraux, résolution du problème du célibat, du veuvage et du divorce et enfin se conformer à l'injonction divine qui donne le droit à l'homme de protéger la femme». 



Les femmes et la presse tunisienne ne décolèrent pas contre les propos de la journaliste égyptienne. Son appel au rétablissement de la polygamie en Tunisie déclenche un tir groupé à son encontre. Le site Kapitalis prend cet appel avec beaucoup d'ironie et note que «ce débat est désormais dépassé et anachronique».

Dans une chronique au vitriol (ci-dessus), la comédienne Jamila Chihi s’est livrée à un vibrant hommage à la femme tunisienne, pionnière dans le monde arabe sur le statut des femmes, avant de conclure par une interpellation féroce: «Madame la journaliste, où étais-tu quand les Tunisiennes étaient dans la rue pour se battre contre la dictature (de Ben Ali, NDLR)? Etais-tu en train de demander la main de la 2e, 3e ou 4e épouse pour ton mari?» La vidéo a été visionnée près de 100.000 fois en 24 heures. 



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