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Un tunnel sous le détroit de Gibraltar reliera l’Afrique à l’Europe… un jour!

Le tunnel sous le détroit de Gibraltar est le serpent de mer du moment. Son aîné, le tunnel sous la Manche, s’était lui aussi fait attendre avant de voir le jour en 1994. Aussi, le retour à l’affiche du tunnel Europe-Afrique n’est pas forcément aussi farfelu que cela. Des études ont montré sa faisabilité.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Rocher de Gibraltar (Stephane Frances/AFP)

14 petits kilomètres de mer séparent l’Afrique de l’Europe dans sa partie la plus étroite. Et depuis le phare de Trinity House, au bout du rocher de Gibraltar, la côte marocaine est nettement visible.

Si proche, mais pourtant pas si simple à relier. A l’instar du tunnel sous la Manche en son temps, les projets plus ou moins farfelus ne manquent pas depuis le début du XIXe siècle pour Gibraltar et une liaison Afrique-Europe.

Barrage 
Le plus fou revient sans aucun doute à un architecte allemand, Herman Sörgel, qui, en 1928, imagine de… fermer le détroit par un barrage! 35 km de long et 300 mètres de haut. Un volume équivalent à 3600 pyramides de Khéops. Vous avez dit pharaonique?

Selon le projet, le niveau de la Méditerranée baisserait de 200 mètres, libérant 600.000 km² de nouvelles terres (une nouvelle France, en quelque sorte). La chute d’eau obtenue permettrait de faire tourner les turbines et générer de l’électricité.

Pont
Moins délirante, l’idée de construire un pont suspendu ne résistera pas à la dure réalité du terrain. Le détroit fait 300 mètres de profondeur, beaucoup trop pour les piles d’un pont dans une zone, qui plus est, particulièrement sismique.
Oublions également le projet de tunnel immergé, retenu au fond par des câbles.

Vue satellite du détroit de Gibraltar (NASA)

Pourtant, en 1979, les rois Hassan II du Maroc et Juan Carlos d'Espagne signent un accord qui relance l’idée de construire un tunnel. Des études sont menées mais n’apportent pas de bonnes nouvelles. Il faut descendre très profond pour trouver un terrain propice.

En revanche, la partie la plus étroite du détroit est, elle, trop profonde. Une fosse de 900 mètres qui rend illusoire la construction. Le tunnel sera donc plus long que prévu (40 kilomètres) et donc plus cher. La facture du tunnel sous la Manche qui se construit à l’époque, va calmer les ardeurs. Le projet Gibraltar s’endort.

Le tunnel retenu 
Mais deux sociétés d’études sont à l’époque créées, l’une marocaine (SNED) et l’autre espagnole (SECEG), qui vont poursuivre les analyses. Des accords ont été passés avec l’Institut de technologie de Zurich et le constructeur de tunnelier Herrenknecht, leader mondial dans son domaine. Les études démontrent la faisabilité d’un tel projet (lien en espagnol).

Le tracé retenu pour un possible tunnel. (SECEG)

Un double tunnel ferroviaire de 38,67 kilomètres de long relierait les deux continents. Le point d’entrée côté marocain est situé à l’est de Tanger. En Espagne, le tunnel sortirait à Tarifa. 28 kilomètres courraient sous la mer à une profondeur de 475 mètres. Cela impose une pente assez prononcée de 3%, qui limite la vitesse à 120 km/h. Un tracé contraint de serpenter pour déjouer les pièges géologiques.

Quel coût ?
Curieusement, le coût de la construction n’a pas été calculé ni même estimé. Seul chiffre avancé, celui de la construction d’un tunnelier. Selon son constructeur, le montant pourrait atteindre les 32 millions d’euros l’unité. Il en faudrait six, trois de chaque côté, pour gagner du temps. Alors, bien sûr, Maroc et Espagne comptent sur le soutien financier de l’Union européenne ainsi que sur des financements privés pour boucler le budget.

Quant au planning, aucune date n’a été avancée.

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