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Un Prix de l’Unesco à une ONG congolaise qui sauve des enfants soldats dans l'est de la RDC

Le Centre de résolution des conflits (CRC) a été récompensé pour des années de travail en faveur des droits humains.

Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Des miliciens, y compris des mineurs, d'un groupe armé montent la garde dans le village de Wadda, province de l'Ituri, au nord-est de la République démocratique du Congo, le 19 septembre 2020. (ALEXIS HUGUET / AFP)

L’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture a remis le 15 octobre 2020 le Prix Unesco-Madanjeet Singh pour la promotion de la tolérance et de la non-violence à l’ONG le Centre de résolution des conflits (CRC) qui travaille notamment pour sauver les enfants soldats dans l'est de la République démocratique du Congo.

Le Prix Madanjeet Singh du nom de son bienfaiteur, un écrivain et diplomate indien, n’est pas très connu. Doté d’un montant de 100 000 dollars, il récompense tous les deux ans des personnes ou des institutions pour "leur contribution exceptionnelle" à la promotion de la tolérance et de la non-violence. Et en 2020, c'est l'action globale de l'ONG CRC, basée à Bunia dans l'Ituri, province de l'est du Congo, qui est à l'honneur.

Une organisation née dans l'urgence

Le Centre de résolution des conflits est une petite structure qui a pris de l'ampleur avec le temps. Créée à la fin des années 90, sur fond de guerres et d’exactions dans l’est de la République démocratique du Congo, l'organisation congolaise n’avait aucun moyen, aucune aide, mais beaucoup de détermination.

Nous n’avions pas de formation en résolution des conflits, mais il fallait faire quelque chose pour arrêter cette hémorragie en se servant du sens commun et d’un courage fou

Rehema Mussanzi, coordinateur du CRC

à franceinfo Afrique

Le "courage fou" est celui de Ben Mussanzi wa Mussangu. Un radiologue qui a failli être tué par des enfants soldats de son propre groupe ethnique. Libéré miraculeusement, il décide avec sa femme de fonder une ONG pour venir en aide aux victimes oubliées de la guerre. Les enfants embrigadés de force, mais aussi les communautés entraînées dans un cycle de violence sans fin.

L’organisation négocie avec les chefs de milices dont elle gagne la confiance, tout en collaborant avec les agences de protection de l'enfance. Un travail de longue haleine qui donne des résultats. Depuis 2011, près d’un millier d’enfants soldats ont retrouvé une vie normale dans leurs communautés, sont retournés à l’école ou ont suivi une formation.

Créer un climat de confiance

Le fondateur du CRC, qui vit désormais à Bradford au Royaume-Uni, bénéficie du soutien de Peace Direct, une organisation caritative internationale qui lui a permis de développer les actions en faveur de la paix dans l'est de la RDC. L'ONG organise des dialogues pour rapprocher des communautés qui se sont entretuées et les aide à résoudre leurs conflits. L'objectif premier est de rétablir la confiance et de renforcer leur résistance aux manipulations. Les programmes mis en place permettent aussi de donner une seconde chance à ceux qui avaient rejoint des groupes armés en les orientant notamment vers des métiers agricoles.

Le prix de l'Unesco tombe à pic pour cette organisation qui œuvre depuis plus de vingt ans dans un climat particulièrement difficile. Si on ne parle plus de guerre, la violence est incessante dans l'est de la République démocratique du Congo, où les civils en sont les premières victimes.

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