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Tunisie : la ville de Sejnane en grève générale après l’immolation d’une femme

Une grève générale pour protester contre la pauvreté a été observée mercredi 22 novembre 2017 à Sejnane, dans le nord de la Tunisie, où une mère de cinq enfants a tenté de s'immoler par le feu après la suppression d'une aide sociale.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Stèle à la mémoire de Mohamed Bouaziz dont l'immolation a été à l'origine de la révolution du Jasmin (AFP/Fethi Belaid)

Radhia Mechergui est toujours au Centre de Traumatologie et des grands brûlés à Ben Arous. Vendredi 17 novembre, cette mère de cinq enfants, dont le mari est malade et qui recevait une aide sociale de 150 dinars (51 euros), s’est immolée par le feu. Le versement ayant été annulé, elle a fait plusieurs réclamations restées sans réponse. Elle s'est immolée par le feu la semaine dernière dans l'enceinte de la sous-préfecture, et est depuis hospitalisée. 

Les habitants de Sejnane (gouvernorat de Bizerte), ville située à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Tunis, ont observé une grève générale, mercredi 22 novembre 2017, par solidarité. Ecoles, commerces et administrations étaient fermés dans la journée, à l'exception des pharmacies, des urgences de l'hôpital et des boulangeries. Selon Amor Barhoumi, le secrétaire général du syndicat UGTT à Sejnane, interrogé par l'AFP, «l'acte de désespoir et de colère de Radhia Mechergui est l'étincelle qui a déclenché la colère des habitants». «La rue est en train de bouillir. Par solidarité avec Radhia et parce que tous les gouvernements qui se sont succédé depuis l'indépendance n'ont rien fait pour Sejnane. Après la révolution, nous nous sommes réjouis en pensant que les choses changeraient, mais c'est de mal en pis», a renchéri Riadh Ben Cherif Sahbani, un militant associatif.



Les autorités ont reconnu que Radhia Mechergui avait droit aux prestations sociales. «Elle bénéficiait de cette prime jusqu'en 2016, date à laquelle l'assistance sociale de la région a décidé de l'arrêter (...). Il n'y avait vraiment aucune raison de priver cette femme aux conditions sociales difficiles de cette subvention», reconnaît le sous-préfet, Ali Hamdouni. 

La région souffre de chômage. L'artisanat, prinicpale activité, n'arrive pas à faire vivre les habitants. Dans un rapport, le FTDES (Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux)  a jugé qu'un réel changement se faisait toujours attendre en termes de droits économiques et sociaux en Tunisie, sept ans après la révolution qui a renversé la dictature. «La révolution du 17 décembre – 14 Janvier exprimait un désir irrépressible de changer la vie de tous les jours des citoyens… Les années sont passées mais ils sont toujours frustrés des droits pour lesquels ils se sont mobilisés», constate, amèrement, Messaoud Romdhani, président du Forum tunisien des droits économiques et sociaux.


En dépit d'avancées démocratiques, «le chômage, la misère et les inégalités sociales et régionales se sont aggravés», iniste le FTDES, en soulignant le risque d'instabilité que cela entraîne. Le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, le marchand ambulant Mohamed Bouazizi s'immolait par le feu. Son geste de désespoir marquait le début de la révolution du Jasmin. Sept ans plus tard, la tentative de Radhia Mechergui rappelle aux autorités que la pauvreté et le chômage de masse n’ont pas disparu après le départ de Ben Ali. 

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