Sénégal : Macky Sall annonce la réouverture partielle des marchés, écoles et lieux de cultes
Alors que l'épidémie se poursuit mais semble relativement contenue, le président Macky Sall annonce un net assouplissement des restrictions mises en places depuis 50 jours.
Le Sénégal amorce un déconfinement progressif. Le président Macky Sall a annoncé, le 11 mai 2020, un assouplissement des mesures de restriction adoptées contre le Covid-19, à commencer par une réduction du couvre-feu nocturne et la réouverture des lieux de culte. Au 12 mai 2020, 19 personnes étaient officiellement décédées de la pandémie.
Dans une allocution télévisée, M. Sall a affirmé la nécessité "d'apprendre à vivre en présence du virus" qui devrait continuer à circuler dans le pays jusqu'en août, voire septembre "dans le meilleur des cas". Il s'agit aussi "d'adapter les comportements individuels et collectifs".
Vivre encore des mois avec le virus
"J'ai décidé de l'assouplissement des conditions de l'état d'urgence : à compter du mardi 12 mai 2020, les horaires du couvre-feu seront de 21 heures à 5 heures au lieu de 20 heures à 6 heures", a-t-il dit alors que commençaient à poindre des expressions d'impatience dans le pays sous état d'urgence depuis le 23 mars 2020.
M. Sall a aussi annoncé la réouverture des lieux de culte, essentiellement les mosquées fermées pour les prières collectives en plein mois sacré de Ramadan, dans un pays musulman à plus de 90%, et les églises chrétiennes. Les marchés et les commerces, contraints jusque-là de n'ouvrir que quelques jours par semaine, ne devront plus fermer qu'une seule journée pour le nettoyage. Les restrictions imposées aux transports publics seront également allégées.
L'école reprendra le 2 juin, mais seulement pour les quelque 551 000 élèves des classes d'examen (CM2, 3ème, terminale) sur un total de 3,5 millions d'écoliers et de lycéens.
Le président sénégalais a aussi levé l'interdiction de rapatrier les corps de Sénégalais décédés à l'étranger du Covid-19. Des dizaines de dépouilles sont bloquées depuis plusieurs semaines, en France surtout, mais aussi ailleurs en Europe ou aux Etats-Unis. La Cour suprême, saisie par les familles endeuillées, avait pourtant récemment validé cette interdiction motivée par le risque de contagion lors de la manipulation des corps.
La pandémie demeure relativement contenue dans ce pays pauvre d'Afrique de l'Ouest. Le Sénégal a officiellement déclaré 1 886 cas de contamination (dont 110 nouveaux pour la journée d'hier) et 19 décès depuis le 2 mars.
Déconfinement prématuré ?
Les autorités se sont gardées d'imposer, depuis le début de l'état d'urgence, un confinement total, difficilement envisageable quand une bonne partie de la population vit au jour le jour. Mais elles ont fermé les frontières, interdit les rassemblements ainsi que la circulation entre les villes. Elles ont aussi imposé le port obligatoire du masque dans les services publics et privés.
Le gouvernement "veillera particulièrement à ce que la fréquentation des lieux de culte", des écoles, des espaces publics, des marchés ou des restaurants, "obéisse strictement aux mesures de distanciation physique et aux gestes barrière, notamment le port obligatoire du masque et le lavage des mains", a dit Macky Sall.
Cette amorce de déconfinement est prématurée, affirme une partie de l'opposition, alors que lors de son point quotidien, le ministère de la Santé a annoncé, le 12 mai, 109 nouveaux cas positifs au coronavirus.
"Je reste convaincu qu’il est prématuré et imprudent de reprendre les prières dans les mosquées du pays. Côté charia, je ne vois rien qui l’impose dans un contexte d’épidémie, en phase ascendante de surcroît !", affirme l'imam Ahmad Kante sur le site Sene.news.
"Nous devons rester vigilants, car le pic est devant nous", affirmait pourtant Macky Sall le 22 avril 2020.
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