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RDC: résurgence du konzo, maladie liée au manioc amer et à la malnutrition

A l’ouest de la RDC, le konzo a touché quelque 200 personnes en deux mois. Cette pathologie paralysante des membres inférieurs et de la colonne vertébrale est due à l’ingestion d’une variété de manioc, consommée avant le temps nécessaire de trempage pour en éliminer l’acide cyanhydrique. Il s’agit d’une pathologie liée à la pauvreté et aux conflits.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Racines de manioc (2010) (AFP PHOTO / PIUS UTOMI EKPEI)

Le 2 septembre 2018, Jean de Dieu Kitambo signalait à l’AFP que plus de deux cents personnes avaient été touchées par le konzo en deux mois dans la province de Kwango, à 500 km à l'ouest de Kinshasa. L’administrateur du territoire de Kahemba précisait: «La plupart sont des enfants dont l'âge varie entre 5 et plus de 15 ans.» 

En affectant le système nerveux et la moelle épinière, le konzo, dont les premiers cas ont été décrits au 19e siècle, paralyse les membres inférieurs et cause des dommages à la colonne vertébrale. La maladie affecte aussi la vue et la mémoire. Appelée également bukabuka, elle est irréversible car il n’existe pas de traitement.

Attitude d'un enfant victime du konzo. Le neurone moteur supérieur est suspecté être détruit par le cyanure contenu dans une variété de manioc amer (Wikicommons)
 
Le délai de trempage du manioc peu respecté
Le konzo survient lors de «la consommation d'une variété de manioc très amer qui doit normalement rester tremper dans l'eau au moins pendant quatre jours pour éliminer le cyanure avant d'être consommé. Mais tout le monde ne respecte pas ce délai», a expliqué à l’AFP un médecin qui officie dans la région touchée par la maladie. Avec le temps, l’eau dégrade le précurseur du cyanure contenu dans les racines de manioc amer.
 
Sur un territoire où les habitants ne mangent souvent qu’une fois par 24h et vivent pour la plupart avec un euro par jour, la durée de trempage du manioc est rarement respectée.
 
Au Kwango, un enfant sur deux souffre de malnutrion chronique
Dans Digital Congo, Julienne Kazoka, professeure à l’Institut national d’enseignement de sciences de santé (INPESS), explique: «Cette maladie ressurgit périodiquement pendant les périodes de famine, de sécheresse, de conflits, quand des personnes sont obligées de consommer du manioc amer mal préparé.» Et la nutritionniste ajoute que l’affection est liée à l’intoxication et «un apport faible en protéines vitales pour permettre au corps de se désintoxiquer du cyanure en le transformant en triocynate évacué dans l’urine».

En clair, la maladie profite d’un organisme carencé et affaibli pour s’installer. C'est pourquoi elle touche surtout les jeunes enfants et les femmes en âge de procréer qui ne consomment pas ou peu de viande, généralement réservée aux hommes, ni de nutriments.
 
Pour le site Kongotimes, «au Kwango, la prévalence de la malnutrition chronique est d’un enfant sur deux. Soit environ 50% des enfants de moins de 5 ans. En ce qui concerne l’Etat nutritionnel des femmes, le Kwango est la province la plus affectée par la malnutrition aiguë des femmes dont le pourcentage est 32,1%.»

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