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Nigeria: la BBC lance deux sites d’actualité en langues igbo et yoruba

La BBC développe au Nigeria son offre d'actualités en langues locales. Après le haoussa et le pidgin (créole anglophone), la puissante chaîne publique britannique ouvre deux sites en langues igbo et en yorouba, parlées par près de 70 millions de Nigérians. L'entreprise audiovisuelle ouvre, un peu partout en Afrique, des sites numériques en langues locales.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min

Depuis le 19 février 2018, la BBC diffuse en langue yoruba et langue igbo, deux langues minoritaires du Nigéria.

Exclusivement numériques, les nouveaux services de la BBC sont diffusés en ligne et sur les réseaux sociaux. Tout comme la plateforme en pidgin (créole anglophone ouest-africain), lancée en 2017 et qui suscite beaucoup d'enthousiasme.

Ces trois langues font partie des 12 nouveaux services créés à travers le monde grâce à une aide de 291 millions de livres (327 millions d'euros) apportée par le gouvernement britannique. La British Broadcasting Corporation (BBC) a notamment lancé en 2017 des sites d’actualité dans des langues éthiopiennes (amharique, afaan oromo) et en tigrinya, langue officielle de l’Erythrée.

Une stratégie payante. La BBC a déjà fait de sa station en haoussa, diffusée dans le nord du Nigeria et toute la région sahélienne, le média le plus populaire dans la région. Les jeunes Nigérians vivent de plus en plus connectés, avec des réseaux sociaux tels que Twitter ou Facebook et des abonnements mobiles multipliés par cinq en une décennie.

Rajeunir l'audience
Pays le plus peuplé d'Afrique avec 190 millions d'habitants, le Nigeria possède aussi une des démographies les plus jeunes du monde, avec près des deux tiers (62%) de la population âgée de moins de 24 ans. Selon M. Okwoche, responsable éditorial de ce projet, «c'est justement cette audience (jeune) qui est ciblée par la BBC, avec les hommes et les femmes d'affaires, nombreux au sein des communautés igbo et yorouba, aussi bien dans le pays qu'à l'étranger.»

Le lancement intervient à un moment où resurgissent de fortes tensions séparatistes entre les trois principales régions du Nigeria, notamment dans le sud-est igbophone et dans le nord majoritairement haoussa. Des radios locales, tenues par des mouvements régionalistes, se sont créées ces dernières années.

Tendances régionalistes 
Dans le sud-est, le Mouvement des peuples indigènes du Biafra (Ipob) a ravivé les aspirations séparatistes, 50 ans après la terrible guerre civile du Biafra (1967-1970). L'Ipob a notamment utilisé sa propre station de radio, Radio Biafra, pour diffuser les discours populistes et enfiévré de son leader, Nnamdi Kanu. Ce dernier a été enlevé par des militaires en septembre 2017 et on est toujours sans nouvelles de lui à ce jour. 


Il est particulièrement difficile d'exercer le métier de journaliste au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, où les rumeurs fleurissent, aussi bien dans la rue que sur les réseaux sociaux et où chaque communauté possède une très forte identité et un esprit régionaliste.
 
Une difficulté renforcée pour les médias britanniques, l'ancienne puissance coloniale jusqu'en 1960. Et beaucoup, dans le sud-est, n'ont pas oublié que la Grande-Bretagne a apporté un important soutien à l'Etat fédéral pendant la guerre du Biafra.

Pour son premier jour de diffusion, le site de la BBC a donné la parole à l'épouse de Nnamdi Kanu             

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