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Niger: les filles privées d’école pour... se marier

Le mois de septembre est celui de la rentrée scolaire dans de nombreux pays d’Afrique. Au Niger, cette année encore, des milliers de jeunes filles rateront ce rendez-vous parce qu’elles ont été obligées de se marier. Grâce au soutien des organisations internationales, le pays tente de combattre ce fléau.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une fille dans une école privée catholique de Niamey au Niger, en octobre 2013. (Ana Leboucher / AFP)

«Nous demandons à nos parents de ne pas nous donner en mariage très jeunes et de ne pas arranger un mariage pour nous.» C’est l’appel de Sahanatou, 14 ans, qui vit dans un village du Niger pour sensibiliser contre le mariage précoce. L’âge légal pour le mariage est de 15 ans pour les filles alors qu’il est de 18 ans pour les garçons, mais elles sont souvent mariées à 12 ans, comme le souligne l’Unicef.

Une question d’honneur...
Au Niger, la tradition veut que l’on marie les filles très jeunes. Parfois, les mariages sont arrangés alors que les bébés ne sont pas encore nés, comme chez les Fulani, des pasteurs nomades, explique l’Unicef. Ces arrangements sont censés renforcer les liens entre les familles ou les amis proches. La tradition du mariage précoce des filles est souvent pour les familles un moyen d’éviter les grossesses hors mariage, considérées comme une honte qui déshonore toute la famille.
 
…et de pauvreté
Le Niger est l’un des pays les plus pauvres au monde. Le mariage précoce des filles est considéré à tort comme une solution à la précarité. En mariant leurs filles, les parents ont une bouche en moins à nourrir. Mais ces pratiques ne font qu’entretenir la pauvreté. Le Niger, qui a du mal à s’en sortir, a le taux de fécondité le plus élevé du monde avec en moyenne 7,6 enfants par femme. Une tendance directement liée aux mariages précoces. «Le mariage précoce est la source de la perpétration de la pauvreté extrême et de l’inégalité. Ce n’est pas étonnant qu’au Niger la pauvreté ait un visage rural et féminin», affirmait le président Issoufou en juin 2018.
 
Renverser la tendance  
Au Niger, 75% des filles sont mariées avant 18 ans et un grand nombre d’entre elles sont forcées à se marier avant l’âge légal qui est de 15 ans. Avec l’aide des organisations internationales, le Niger se mobilise pour changer les mentalités. Des campagnes de sensibilisation sont menées dans les régions les plus touchées, comme Diffa, Zonder et Maradi, où des rencontres ont lieu entre un médiateur et des chefs de village et des religieux sur les conséquences désastreuses des mariages d’enfants.

Toutes à l’école ?
Pour préserver les filles des mariages forcés, le gouvernement a adopté des mesures en faveur de la scolarisation des filles jusqu’à 16 ans. Au programme notamment, des bourses d’études, des internats et un soutien alimentaire, aide aux parents…

Si cette initiative va dans le bon sens, elle reste sans doute insuffisante pour mettre fin aux mariages précoces, légalement autorisés dès 15 ans pour les filles.

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