Mugabe, Biya, Bouteflika: la belle longévité des chefs d’Etat africains
Agé de 74 ans, le président angolais José Eduardo Dos Santos à décidé, après 38 ans de pouvoir, de ne pas se présenter à l’élection du 23 août 2017. Cet ancien héros de l’indépendance angolaise a décidé de quitter le pouvoir. C’est suffisamment rare pour être relevé.
Ce n’est pas le cas de Robert Mugabe, âgé de 93 ans, plus vieux chef d’Etat en exercice dans le monde. Au pouvoir depuis l’indépendance du Zimbabwe, en 1980, l’ancien combattant anticolonial s’est fait réélire pour la septième fois en 2013. Même s'il a mis à terre l’économie de son pays, et réprime violemment toute opposition, il se dit prêt à se présenter pour un nouveau mandat en 2018.
Longévité au pouvoir des chefs d'Etat africains #AFP pic.twitter.com/CYgqLqddCR
— Agence France-Presse (@afpfr) August 21, 2017
Ces malades qui gouvernent
Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, détient lui aussi une belle longévité politique à la tête de l’Algérie. Ministre des affaires étrangères de 1963 à 1973, il a été élu à la présidence de la république algérienne sans discontinuer depuis 1999. Tout le monde le sait très malade, il est soigné régulièrement en France et en Suisse. La «raison d’Etat» dépasse l’entendement. Si les généraux, dans l’ombre du pouvoir, n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le nom du successeur, Abdelaziz Bouteflika pourrait, malgré son état de santé, se présenter à un nouveau mandat.
Assurer la présidence d’une nation exige pourtant une bonne forme physique, vu les pressions et la charge de travail que cela impose.
Autre président malade, le président nigérian Mahamadou Buhari, âgé de 74 ans. Il aura passé, en 2017, plus de temps à Londres que dans son pays. Le dirigeant du pays le plus peuplé d’Afrique se remet d’une grave maladie tenue secrète. Ce silence entretient les rumeurs dans un pays encore marqué par la mort du président Umaru Yar’Adua en 2010, après des mois de traitement à l’étranger.
Paul Biya 84 ans, au pouvoir depuis 35 ans (6 novembre 82) bénéficie lui aussi d’une belle longévité au pouvoir.
Pour d’autres raisons, plus obscures, il affectionne également les séjours à l’étranger. Le président Biya est régulièrement houspillé par la presse camerounaise pour ses séjours répétés à Genève (96 jours en 2016). En 1995 déjà, le quotidien français Libération titrait : «Paul Biya, un vacancier au pouvoir à Yaoundé». C’est toujours vrai. Il n’a jamais cessé de gérer son pays à distance. Il entend de nouveau se présenter lors de la prochaine élection présidentielle en 2018.
Une longue liste
Et la liste est encore longue. En Guinée-Equatoriale, le président Teodoro Obiang Nguema (75 ans) s’accroche au pouvoir depuis le coup d'Etat du 3 août 1979.
Denis Sassou Nguesso (73 ans) cumule 33 ans de pouvoir absolu au Congo. Il a été réélu en mars 2016, en modifiant la Loi fondamentale.
En Ouganda, Yoweri Museveni (73 ans) a été réélu en février 2016 pour 5 ans. Il aura, au terme de son mandat, cumulé 36 ans à la tête du pays.
Au Soudan, Omar el-Béchir (73 ans) dirige son pays depuis 28 ans (juin 1989). Il dirige son pays d’une main de fer malgré le mandat d’arrêt lancé contre lui par la Cour pénale Internationale.
Clan dynastique
Lorsque ces dirigeants cèdent leur sceptre, c'est souvent au profit de leurs enfants. Véritables «dynasties républicaines» : les Kabila (Laurent-Désiré puis Joseph) au RD Congo, les Bongo (Omar puis Ali) au pouvoir au Gabon depuis un-demi siècle, les Eyadema (Gnassingbe et Faure) au Togo cumulent également 50 années de pouvoir et ce n'est pas fini.
En Afrique, on respecte les anciens, mais les plus âgés ne sont pas toujours les plus sages. On peut parler de dynastie, à condition d'avoir bien préparé sa succesion. En Egypte, l'ancien président Hosni Moubarak a voulu introniser son fils Gamal, mais la population a refusé une telle succession. En Libye, le colonel Khadafi avait pressenti son fils Seif al-Islam pour lui succéder avant d'être renversé. En Algérie, Saïd Bouteflika va-t-il succéder à son frère...?
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