Cet article date de plus de trois ans.

Mauritanie : démission du gouvernement un an à peine après sa formation

Cette démission du gouvernement serait la première conséquence d'un rapport parlementaire sur la corruption dans le pays.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'actuel président de la Mauritanie, Mohamed Ould Ghazouani (G), aux côtés de son prédécesseur et mentor, Mohamed Ould Abdel Aziz (D), lors de la campagne présidentielle en juin 2019 à Nouakchott. (SIA KAMBOU / AFP)

Il était en place depuis seulement un an. La démission du premier ministre Ismaïl Cheikh Sidiya, le 6 août 2020 a créé la surprise.

Les observateurs y voient la première conséquence d'un rapport parlementaire remis à la justice la veille. Les neuf membres de la commission parlementaire se sont penchés sur la gestion du pays par l'ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz de 2008 à 2019.

L'ancien président Aziz en ligne de mire

L'ex-président, un ancien général, est arrivé à la tête de la Mauritanie par un putsch en 2008, avant d'être élu et réélu en 2009 et 2014. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, qui lui a succédé en août 2019, était son ancien chef d'état-major, ministre de la Défense et dauphin désigné.

Autant dire que les liens sont étroits entre les deux hommes et leur responsabilité dans la gestion du pays collective, même si depuis peu les liens se sont distendus entre les deux hommes.

Or, "parmi les dossiers traités par la commission, figurent la gestion des revenus pétroliers, la vente de domaines de l'État à Nouakchott, la liquidation d'une société publique qui assurait l'approvisionnement du pays en denrées alimentaires, ou encore les activités d'une société chinoise de pêche, Pully Hong Dong", révèle l'AFP d'après des sources parlementaires.

Pétrole, pêche et minerais

Outre l'ancien président, le rapport de 900 pages cite également d'anciens ministres. La commission a travaillé durant les six premiers mois de l'année et a entendu des centaines de personnalités, dont certains ministres en exercice, comme ceux du pétrole et des finances. Cible de tous les témoignages, l'ancien président Aziz n'a jamais donné suite à la convocation de la commission.

C'est désormais au Parquet de décider, à la lecture du rapport, s'il y a lieu à poursuites. "Les enquêtes se dérouleront en toute impartialité, conformément aux procédures judiciaires en vigueur tout en prenant en considération le temps qu'exige généralement ce genre d'enquêtes", a indiqué le parquet dans son communiqué, indique l'AFP.

"Un pays gangrené par la corruption"

Pour autant, cela ne rassure pas l'opposition, qui craint que le dossier ne soit enterré. "Nous manifestons une certaine inquiétude, car nous craignons que ce rapport ait le même sort que d’autres rapports, tels que ceux de la Cour des comptes, qui sont restés, pour le moment, sans suite", a déclaré Saleck Sidi Mahmoud, vice-président du parti islamiste Tawassoul, cité par RFI.

Le site internet Monde Afrique dressait en 2018 le tableau d'un pays "gangrené par la corruption", à tous les niveaux. Même la justice n'échappait pas aux critiques. "Les affaires de corruption sont rarement poursuivies en raison des niveaux élevés de corruption au sein des tribunaux", écrivait le site. Ce qui ne présage rien de bon quant à la suite donnée à ce dossier.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.