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Madagascar: le retour de la peste sème la panique dans la capitale
La psychose s’est emparée de la capitale malgache depuis que les autorités ont annoncé une série de mesures d’urgence pour tenter d’enrayer l’épidémie de peste qui a fait au mois 24 morts en un mois. On assiste à une ruée vers les pharmacies, alors que de nombreux parents préfèrent garder leurs enfants à la maison plutôt que de les envoyer à l’école.
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La presse malgache raconte comment de longues files d’attente se forment devant les pharmacies d’Antanarivo. Les journaux décrivent des scènes de panique et une «situation qui vire à l’hystérie» dans certains quartiers de la capitale.
«Je prends mes précautions pour ma famille et surtout pour mes enfants. C’est pour cela que je veux acheter des masques de protection», raconte une mère de famille à Midi Madagasikari.
«Risque élevé de transmission»
Conséquence des longues files d’attente: «Dans la majorité des pharmacies, les masques de protection sont rationnés à raison de cinq par personne», a constaté le journal. Ces masques destinés à couvrir la bouche et le nez sont considérés comme l’un des moyens de prévention de la peste pulmonaire qui sévit dans le pays.
La psychose est montée d’un cran lorsque les autorités ont annoncé des mesures d’urgence pour tenter d’enrayer l’épidémie. Toutes les réunions ou manifestations publiques ont été suspendues dans la capitale. Les aéroports et les gares routières ont été placés sous surveillance sanitaire.
Contrairement aux épidémies passées, la peste qui sévit actuellement dans le pays affecte les grandes zones urbaines, «ce qui augmente le risque de transmission», s’inquiète l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Une maladie du Moyen Age devenue endémique
Depuis 1980, cette maladie du Moyen Age est devenue endémique à Madagascar. Elle réapparaît chaque année, généralement d’octobre à mars. A chaque fois, les questions d’assainissement et de manque d’hygiène sont évoquées pour expliquer sa persistance dans les centres urbains noyés en permanence dans l’insalubrité.
C’est le cas dans la capitale, cette grande ville de plus deux millions d’habitants où prolifèrent les rats et les puces, principaux vecteurs de la maladie.
«L’entassement des ordures fournit le gîte et le couvert aux rats et leur permet d’augmenter considérablement leur abondance. La pauvreté fait que les gens s’entassent dans une même pièce où ils stockent aussi de la nourriture. De ce fait, le contact entre les rats, les puces et l’homme est quasi permanent, en particulier la nuit lorsque les rats se déplacent à la recherche de la nourriture», explique Jean-Marc Duplantier, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement.
Des centres urbains noyés dans l’insalubrité
Comme en 2015, les autorités malgaches ont fait savoir que des dispositions ont été prises pour la collecte journalière des ordures qui s’amassent dans les quartiers de la capitale. Les chefs d’établissements scolaires ont reçu la consigne de faire nettoyer leurs écoles à travers tout le pays. Des annonces qui ne rassurent pas certains parents en cette semaine de rentrée scolaire.
«L’école de mon fils se trouve près des bas quartiers. C’est très sale là-bas, mais il est obligé de passer par ces quartiers pour aller en cours. Ca peut vite se propager», s’inquiète une mère de famille au micro de RFI.
48 heures pour traiter le malade
Le chercheur Jean-Marc Duplantier pense qu’il est possible de venir à bout de cette maladie devenue endémique à Madagascar, mais à certaines conditions.
«Les traitements sont bien connus et efficaces, à condition d’être administrés rapidement. Le problème, c’est l’accès aux soins, la disponibilité des antibiotiques et la rapidité de la prise en charge. La peste évolue très vite chez l’homme. Il faut traiter les malades dans les 48 heures», explique-t-il à Géopolis.
Mais rien ne pourrait venir à bout de ces épidémies, sans une meilleure hygiène et un niveau de vie convenable de la population, insiste Jean-Marc Duplantier.
Des conditions loin d’être réunies à Madagascar où la colère gronde dans les centres urbains exposés à la peste. Des voix s’élèvent déjà pour réclamer la tête des responsables concernés parmi lesquels le ministre de la Santé, accusé «d’avoir minimisé» l’ampleur de cette nouvelle épidémie.
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