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Libye: nouvelle alerte d’Amnesty international sur le sort des migrants

L’échec de la conférence de Palerme à sortir la Libye de l’impasse politique relance les inquiétudes sur le sort des réfugiés et migrants dans ce pays. Amnesty international rappelle que des dizaines de milliers d’entre eux s’y trouvent pris au piège dans des «conditions épouvantables» et déplore l’incapacité des Etats membres de l’Union européenne à apporter une réponse.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Sauvetage de migrants au large de la Libye par le navire «Aquarius», géré par les organisations non gouvernementales «SOS Méditerranée» et «Médecins sans Frontières», à la suite de négociations avec les gardes-côtes libyens, le 23 septembre 2018.   (Maud VEITH/SOS MEDITERRANEE/AFP)

En plein échec de la Conférence internationale de Palerme à dégager un début de sortie de crise en Libye, l’organisation internationale de Défense des droits de l’Homme a rendu publiques le 12 novembre 2018 de nouvelles conclusions sur le sort des migrants qui s’y trouvent piégés.
 
«Un an après l’indignation mondiale suscitée par des séquences vidéo montrant des êtres humains achetés et vendus comme des marchandises, la situation des réfugiés et des migrants en Libye reste préoccupante», a déclaré Heba Morayef, directrice du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International.
 
Déplorant «les politiques impitoyables» menées par l’Union européenne pour freiner les migrations et l’incapacité des Etats membres à offrir des places de réinstallation aux réfugiés, Amnesty estime que cela alimente «un cercle vicieux de violations, des milliers de migrants et de réfugiés se retrouvant ainsi piégés dans des centres de détention libyens où ils vivent dans des conditions épouvantables».
 
8000 migrants maltraités dans des centres de détention
Les mesures destinées à bloquer les migrations en Méditerranée centrale ont contribué à une baisse de 80% des personnes arrivant en Italie, admet l’ONG, mais «environ 8000 réfugiés et migrants sont actuellement incarcérés dans des centres de détentions où ils sont régulièrement victimes d’actes de torture, d’extorsion et de viol», précise le rapport.
 
En conclusion, Amnesty avait appelé les dirigeants libyens et internationaux réunis à Palerme «à veiller à ce que les droits fondamentaux de toutes les personnes qui se trouvent dans ce pays, y compris les réfugiés et les migrants, soient au centre de ces négociations».
 
Peine perdue, l’Italie qui organisait la conférence n’a pas réussi à rapprocher les deux pôles du pouvoir en Libye, celui du Maréchal Haftar, chef de l’autoproclamée Armée Nationale Libyenne (ANL) et homme fort de l'Est, et celui internationalement reconnu de Fayez al-Sarraj basé à Tripoli.
 
Dans un entretien publié le 15 novembre par le quotidien italien Corriere della sera, ce dernier, proche de Rome, a fustigé lui aussi l’attitude de l’Europe sur les migrants.
 
«Je vois tant d'hypocrisie dans les demandes européennes à notre pays. Vous nous demandez de maintenir à l'intérieur de nos frontières plus de 600.000 migrants, dont seulement 30.000 se trouvent dans les camps officiels», a déclaré M. Sarraj.
 
«Mais vous, qui êtes infiniment plus riches que nous, refusez d'en accueillir même un seul. Vous chassez les rares qui arrivent chez vous», a-t-il relevé, réclamant une «plus grande coopération».

Des migrants secourus refusent de remettre les pieds sur le sol libyen 
Des propos occultant que l'Union européenne soutient, finance et équipe les garde-côtes libyens pour empêcher les départs et qui cachent mal la responsabilité libyenne dans la maltraitance des populations réfugiées ou en transit sur le territoire.
 
Illustrant la situation, le site infoMigrants a révélé le 14 novembre que le Nivin, un navire commercial battant pavillon panaméen, avait secouru 93 migrants la semaine dernière au large de la Libye.
 
Seuls deux migrants ont accepté de descendre du bateau à quai au port de Misrata depuis le 10 novembre. Les autres refusent catégoriquement de remettre les pieds sur le sol libyen.
 
Contacté par la rédaction du site, un jeune Soudanais de 19 ans resté à bord est formel. «Je préfère mourir sur ce bateau que de retourner en Libye. Qu’ils viennent chercher mon corps mais je ne remettrai pas un pied à Misrata», a déclaré Victor.
 
Depuis, la vie s’organise à bord où des cas de diabète et de gale ont été signalés. Les migrants dorment à même le sol du bateau et le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale des migrations (OIM) leur fournissent quotidiennement de quoi subvenir à leur besoins élémentaires.

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