Les autorités espagnoles mises à rude épreuve face à l’arrivée de migrants
Depuis que des sauveteurs l'ont recueilli sur un canot pneumatique en Méditerranée le 27 juillet 2018, Glenn Alban dort sur des cartons d'emballage dans le port d'Algésiras, dans le sud de l'Espagne. Ce Camerounais de 18 ans dit recevoir deux repas par jour en attendant que la police vérifie son identité et l'autorise à quitter le plus grand port espagnol.
«Comme vous voyez, c'est dur. Il fait si chaud ici», explique-t-il à l'AFP. Il montre son lit de cartons qu'il protège du soleil avec une couverture de la Croix-Rouge tendue entre une barrière et un mur de béton. «Je ne m'attendais pas à rester aussi longtemps comme ça. Je n'en reviens pas», dit Alban, qui a vécu deux ans au Maroc, avant de traverser le détroit de Gibraltar.
Le jeune homme fait partie d'une vague de migrants qui arrive par la mer en Espagne depuis l'Afrique du nord et met forces de l'ordre et services sociaux à rude épreuve.
L'Espagne a dépassé l'Italie en arrivées de migrants cette année. Et ce depuis que les forces libyennes ont renforcé les contrôles pour empêcher la traversée vers l'Italie, qui veut leur fermer ses ports. Près de 23.000 migrants sont arrivés par la mer depuis le début de l'année, plus que sur l'ensemble de l'année dernière, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). 307 sont morts.
Rien que depuis le 27 juillet, plus de 1.500 ont débarqué dans la province de Cadix, où se trouve Algésiras. La plupart sont dirigés vers cette ville. Des dizaines de migrants ont été filmés le lendemain débarquant sur une plage de Tarifa, un paradis du kitesurf proche d'Algésiras, avant de se précipiter vers les bois, sous le regard étonné des baigneurs: une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux.
De nombreux migrants ont passé la nuit à bord d'un navire des garde-côtes ou sur le quai où il est amarré dans le port d'Algésiras. Motif: les postes de police et les centres d'accueil ouverts dans les installations sportives sont pleins.
«Manque de moyens»
Venu se rendre compte sur place, le ministre de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska a nié que le dispositif pour l'accueil des migrants soit sur le point de s'effondrer. Selon lui, la situation est «contrôlée». Mais pour la police et les ONG, ce flux d'arrivées a mis en évidence que la réponse n'était pas suffisamment planifiée et qu'il manquait des bras et des fonds.
«Le nombre des arrivées est très significatif et le manque de moyens pour y faire face aussi», a déclaré la déléguée de la section de Cadix du syndicat policier SUP, Carmen Valyos. Ainsi, il n'y a pas assez d'agents pour traiter chaque dossier de migrant en 72 heures, comme le prévoit la loi. Même si on en fait venir en renfort d'autres services et que certains ont travaillé tous les jours en juillet sans prendre de repos. Signe que la police a du mal à contenir la situation, 62 migrants se sont échappés d'un entrepôt dans le port de Barbate, près de Cadix, qui avait été transformé en centre d'accueil.
Les autorités n'ont pas assez de couvertures, matelas ni même nourriture pour les migrants qui ont débarqué ces derniers jours, constate une militante de l'association de défense des droits humains APDHA, Ana Rosado. Parfois, elles ont même demandé à la population locale de donner de l'eau et de la nourriture: «Ils sont complètement débordés», assure-t-elle.
L'armée a acheminé une grue montée sur camion dans le port de San Roque, près d'Algésiras, pour construire un nouveau centre pouvant accueillir 600 personnes. Il devrait ouvrir d'ici peu.
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