Le trafic de pangolins dépasse celui des éléphants et des rhinocéros réunis
La bébête mesure entre 30 et 80 cm et pèse jusqu’à 35 kg. Autre caractéristique : elle possède une langue visqueuse… plus longue que le corps. Cette langue lui permet de manger les insectes dont elle se nourrit. D'aspect curieusement préhistorique avec sa petite tête et sa carapace d'écailles, elle vit dans les forêts tropicales et équatoriales d’Afrique et d’Asie du Sud-Est.
Sa viande est considérée comme un mets raffiné en Chine, où, comme au Vietnam, ses os et organes sont très prisés des guérisseurs. Les écailles sont parées de nombreuses vertus curatives ou aphrodisiaques par la médecine traditionnelle de ces pays. Il faut noter qu’elles se négocient plus de 1000 euros le kilo en Asie même si ces écailles ne sont que de la kératine… à l'instar des ongles humains.
On trouverait aussi des amateurs aux Etats-Unis, en France et dans plusieurs pays africains. «Dans certaines cultures traditionnelles africaines, l’animal est connu pour éloigner le mauvais œil», explique un blog du Monde.
On estime qu’environ un million de pangolins (du malais pengguling : enrouleur) auraient été capturés ces dix dernières années. Conséquence : l’espèce serait aujourd’hui menacée d'extinction «Solitaire et vulnérable, le pangolin est une proie facile pour les braconniers. Il «se roule en boule quand il est menacé : les contrebandiers n’ont alors plus qu’à le ramasser et l’enfermer dans un sac», constate Le Monde.
L’animal est intégralement protégé par le traité de la Convention internationale sur le commerce d'espèces sauvages menacées (Cites) depuis septembre 2016. Même si en Chine, les écailles sont toujours autorisées dans certains établissements hospitaliers, et pour fabriquer des médicaments brevetés.
Les espèces africaines exportées vers l’Asie
«L’interdiction du commerce international (…) et la baisse de ces populations (…) a encouragé l’exportation des espèces africaines vers l’Asie», rapporte Libération. D’où l’augmentation des saisies d’écailles venues du continent.
Les trois tonnes d’écailles récemment saisies à Abidjan représenteraient quelque… 4000 pangolins. Ces individus ont été capturés en Côte d'Ivoire, au Burkina Faso et au Libéria, selon Adama Kamagate, de l'organisation de défense de la nature d’origine américaine Eagle Network, qui a aidé les autorité ivoiriennes dans cette l'opération.
La valeur marchande de cette cargaison illégale est estimée à 45 millions de francs CFA (près de 70.000 euros) sur le marché ivoirien, selon le capitaine Thimotée Gnahore, de l'Unité de lutte contre la criminalité transnationale organisée (UCT). Mais sa valeur sur le marché asiatique pourrait être cent fois plus élevée, si l'on se réfère aux dernières saisies importantes effectuées en Malaisie et en Thaïlande…
Les huit trafiquants interpellés, de nationalité ivoirienne, burkinabée et guinéenne, font partie d'un «vaste réseau mafieux», a précisé le capitaine, sans plus de précision.
Si rien n'est fait pour stopper le trafic, le pangolin, dont la population a chuté de 50% en cinq ans en Côte d'Ivoire, risque de disparaître des forêts de ce pays, a averti Adama Kamagate. Les spécialistes expliquent que pour lutter efficacement contre le trafic, il faut stigmatiser la consommation de l’animal dans les pays où elle se pratique. Comme cela se fait pour l’ivoire et la corne de rhinocéros.
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