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Le scandale "Suisse Secrets" révèle également les comptes au Crédit Suisse de centaines de personnalités du continent africain

Sous le nom "Suisse secrets", plusieurs quotidiens ont commencé à publier des documents mettant en cause l'argent illicite abrité jusqu'en 2010 sur les comptes du Crédit Suisse.

Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'ancien président du Zimbabwe Robert Mugabe (G) a obtenu un prêt de 100 millions de dollars du Crédit Suisse en 2008. L'argent a servi à torpiller le second tour de l'élection présidentielle où son adversaire Morgan Tsvangirai (D) était arrivé en tête. Ce dernier s'était retiré de la course à l'élection à cause d'une campagne de violences menée par le pouvoir contre ses partisans. (STF / AFP)

Le Crédit Suisse a hébergé au moins 96 milliards d'euros de fonds d'origine criminelle ou illicite venus du monde entier. Sous le nom de "Suisse secrets", plusieurs quotidiens ont publié les noms de milliers de comptes douteux du groupe bancaire de 1940 à 2010. Dans cet océan de corruption, le continent africain est bien représenté.

De l'argent issu des trafics et de la corruption

Les "Suisse Secrets", publiés par le Guardian, Le Monde, le New York Times et le Süddeutsche Zeitung, ont donné les noms de plusieurs milliers de comptes bancaires du Crédit Suisse de 1940 à 2010. Cette enquête journalistique, avec son lot de révélations, s’inscrit dans la continuité des "Panama Papers" et des "Paradise Papers".

Dans les comptes douteux de la deuxième banque suisse, on retrouve les noms de généraux algériens, de fonctionnaires nigérians, d'hommes politiques mozambicains ou zimbabwéens, d’hommes d’affaires kényans ou encore libyens qui ont caché en Suisse l’argent issu des trafics et de la corruption. On y lit par exemple les noms des deux fils du président égyptien Hosni Moubarak qui cumulaient six comptes au Crédit Suisse, des comptes de fonctionnaires nigérians alimentés par un cadre de la compagnie allemande Siemens ou encore des Hedges Funds américains impliqués dans des prêts douteux au gouvernement mozambicain.

Les élites algériennes abonnées au Crédit Suisse

On remarque surtout le nom de centaines de dignitaires algériens qui ont déposé à partir des années 70 d’importantes sommes en Suisse. Il s'agit par exemple de l’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika, ou encore de son ministre de la Défense de l'époque, le général Khaled Nezzar. Ils avaient chacun plus de deux millions de francs suisses sur leurs comptes au Crédit Suisse jusqu’en 2010, sachant que le salaire mensuel du général Nezzar ne dépassait officiellement pas les 3 000 euros. La loi algérienne stipule pourtant que tout Algérien qui dépose de l’argent à l’étranger pour son propre compte viole la loi.

L'argent de la banque a sauvé Mugabe

On y apprend également que le Crédit Suisse a accordé un prêt de 100 millions de dollars à Billy Rautenbach, un proche de Robert Mugabe, pour l’achat d’une mine de platine au Zimbabwe. Cet argent a permis de financer une vague de violences en 2008 pour empêcher le deuxième tour de l'élection présidentielle susceptible d'être remportée par l’opposition démocratique menée par Morgan Tsvangirai, et ainsi sauver le régime de Robert Mugabe. La mine de platine en question n'a jamais vraiment été exploitée. L'enquête a donné un nouvel éclairage sur le rôle que la banque suisse a joué dans le montage financier qui a sauvé Robert Mugabe de la défaite et a entraîné le Zimbabwe dans une crise financière et économique dont il n'est toujours pas sorti. 

Le secret bancaire pas levé pour les pays africains 

Ce que révèle cette enquête, c’est que le secret bancaire suisse n'a été levé depuis 2017 que pour les pays de l'OCDE mais pas pour les pays pauvres d'Afrique, d'Amérique latine ou d'Asie, et notamment ceux susceptibles d’abriter ces activités illicites. Les journalistes des "Suisse Secrets" n’ont eu accès qu’à une toute petite partie des données sur les clients du Crédit Suisse. La partie émergée de l'iceberg de la corruption. D’autres révélations pourraient suivre.

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