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Le changement climatique, menace majeure pour l’Afrique urbaine

Les menaces liées au changement climatique font peser un «risque extrême» à plus des deux tiers des villes africaines, en raison de la hausse de la population et d'infrastructures médiocres, selon un rapport publié le 14 novembre 2018 par le cabinet de consultants britannique Verisk Maplecroft.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Sur la rivière Kulamu qui traverse le centre de Kinshasa en RDC le 31 mai 2018... (JOHN WESSELS / AFP)

Au total, huit villes africaines figurent parmi les dix zones urbaines les plus à risque recensées par l’«index de vulnérabilité au changement climatique» 2018 de Verisk Maplecroft. Lequel utilise une cinquantaine de données existantes allant des modèles climatiques aux facteurs économiques, en passant par les projections démographiques.

Parmi ces villes, on trouve la capitale de la Centrafrique, Bangui, celle du Liberia, Monrovia, ainsi que Mbuji-Mayi en République démocratique du Congo. Mais aussi Kinshasa, capitale de la RDC qualifiée en 2017 par Le Monde de «mégapole insaisissable», où les 13,2 millions d'habitants sont déjà régulièrement victimes notamment d'inondations. Et où la population pourrait plus que doubler d’ici 2035.

Mais ces villes ne sont pas les seules. 79 parmi les centres urbains du continent sur 100 référencés au niveau mondial par le cabinet de consultants britannique sont en situation d’«extrême risque». Ce dernier a ainsi répertorié «15 capitales africaines et nombre des centres économiques clef du continent», dont Kampala (Ouganda), Dar-es-Salaam (Tanzanie), Abuja et Lagos (Nigeria), Addis-Abeba (Ethiopie) et enfin Luanda (Angola).

Changement climatique et taux de population
D’une manière générale, l'ONU estime que 86 des 100 villes à la croissance démographique la plus importante du monde se situent en Afrique.

«La relation entre vulnérabilité au changement climatique et taux de population est forte. Les cités les plus exposées manquent déjà de services de santé adéquats et de systèmes anti-catastrophes. Avec la poursuite de la hausse démographique, la tension sur les services publics essentiels va s’intensifier», explique le rapport.

Avec l’augmentation de la population en Afrique, les perturbations liées aux événements météo risquent de se multiplier. «L’importance de la croissance démographique en zone urbaine va sans aucun doute intensifier le profil de risque déjà alarmant de la ville» sur le continent, selon les auteurs. Ceux-ci pointent du doigt les problèmes auxquels font déjà face les mégalopoles africaines, comme le manque d'accès à l'eau potable ou l'habitat.

Dans les ruines d'un hôtel détruit par la montée des eaux sur la plage de Vridi près d'Abidjan (Côte d'Ivoire) le 14 novembre 2016 (ISSOUF SANOGO / AFP)

Cyclones, inondations, criminalité, sécheresse, flux migratoires…
Cette situation aggrave «les craintes que les pays les plus pauvres du monde pourraient avoir à payer le prix fort du changement climatique», selon le document. Risques les plus élevés: les cyclones tropicaux et les inondations.

«Pour autant, il ne faut pas négliger les menaces secondaires: maladies, hausse de la criminalité, troubles politiques et sociaux. Les sécheresses, les mauvaises récoltes et l’instabilité provoquée par le changement climatique peuvent aussi accroître les risques en augmentant les mouvements de populations vers les villes, les incitant à franchir des frontières». Moyen de dire que le phénomène ne peut qu’accentuer les flux migratoires.

Dans le même temps, les experts mettent en garde contre la perte de croissance économique du continent liée au réchauffement de la planète.

«L’échelle des risques pourrait menacer le flux de capitaux arrivant sur (les) marchés» africains,» fait valoir le cabinet de consultants anglo-saxon. «Nous ne disons pas de ne pas investir dans ces zones», a assuré à l'AFP Richard Hewston, analyste chez Verisk Maplecroft. Il n’en invite pas moins les investisseurs à y aller «les yeux ouverts». Donc à savoir où ils mettent les pieds… 

En dehors de l’Afrique, certaines des villes les plus peuplées de la planète, comme New Delhi, Bombay, Mexico ou Karachi, ont un «risque élevé» de voir le changement climatique infliger des dommages à leur économie et leur population, indique également le rapport.

A l’opposé, la grande majorité des villes qui présentent des «risques faibles» («low risks») sont situées en Europe et sur le continent américain. En clair, dans les régions riches de la planète. Les villes britanniques de Glasgow, Belfast et Edimbourg sont les trois cités qui présenteraient le moins de risques, selon l’index de Verisk Maplecroft, société… britannique, rappelons-le. Parmi les dix autres villes les mieux classées se trouvent également Rouen et Rennes en France, ou Hanovre en Allemagne.

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