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Karkariya, la confrérie (secte) soufie marocaine qui enflamme l’Algérie cet été

Les réseaux sociaux algériens n’en finissent pas d’être étonnés, partagés entre un fou rire contagieux et une indignation «patriotique». Motif : des adeptes de la tariqa karkariya, reconnaissables à leur tenue bariolée, parcourent les villes de l’Ouest algérien.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Capture d'écran (DR)

Un mot est venu enrichir, ces jours-ci, le vocabulaire algérien : karkari. Avant de définir l’idéologie, d’abord l’aspect extérieur. Un karkari est facilement reconnaissable grâce à sa muraqa'a, vêtement rapiécé multicolore. Et depuis quelques jours, les réseaux sociaux algériens s’enflamment pour ce phénomène. «Invasion», «intrusion», «diversion», les médias conservateurs bruissent d’indignation. En cause : des adeptes de la tariqa karkariya qui sillonnent les villes de l’ouest d’Algérie «qui menaceraient l’unité du pays».
 
Mais qu’est donc la Tariqa (Voie) karkariya ?
Confrérie au Maroc, secte en Algérie, la tariqa karkariya repose entièrement sur son fondateur, cheikh Mohamed Fawzi al Karkari, originaire du Rif (Maroc). Né en 1974, l’homme (voir vidéo) réunit de nombreux adeptes. «Il n’est ni grand ni petit. Il a la peau blanche, approchant du rouge. Il est beau du visage et on verra dans ses yeux une vivacité étonnante. Son regard transperce. Combien de fois mon regard rencontra le sien et je sentis un frisson dans tout mon corps! Des fois même, ce frisson a atteint mes yeux et des larmes s’en sont écoulées. On voit sur son visage de la Lumière, ce qui ne peut échapper au doué de regard intérieur. Quiconque le voit ressent de la peur et qui le fréquente l’aime. Il a laissé les vêtements recherchés pour préférer la muraqa’a (sic)», s’enthousiasme le site officiel de la confrérie.


«Invasion»
«La karkariya est-elle une voie soufie ou un instrument des (services de) renseignements (marocains) pour semer l’anarchie ?», s’interroge Echourok (lien en arabe), très lu en Algérie, qui semble pencher pour la seconde hypothèse. Contacté par Yabiladi (site marocain), Amine El Kerkri, figure de proue du courant religieux renvoie dos-à-dos les médias des deux pays : «C’est bien connu que les journalistes au Maroc et en Algérie s’attaquent constamment et se rejettent la balle en s’accusant l’un l’autre. Ceci relève bien de la politique, ce qui ne nous concerne aucunement. Nous suivons une Tariqa soufiya. Nous n’avons aucun lien avec la politique». 


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Les internautes, eux, retiennent la tenue bariolée des adeptes, damiers multicolores, et tournent en dérision cette polémique.


Capture d'écran (DR/Liberté)


Capture d'écran Facebook (DR)

«L’irruption soudaine de cette confrérie dans l’espace public, en ce moment précis, et sa forte médiatisation charrient de nombreuses interrogations. D’aucuns pensent qu’il s’agit d’une diversion destinée à occuper l’opinion nationale à un moment où le sommet du pouvoir traverse de fortes turbulences», analyse Algérie Focus.

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