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Italie: le travail des migrants représente 9% du PIB italien
Les 2,5 millions de travailleurs immigrés en situation régulière recensés en Italie en 2016 ont produit 131 milliards des 1670 milliards d'euros du PIB italien, soit près de 9% de la richesse créée. Ils apportent une contribution positive au système de sécurité sociale et de retraite. Ces chiffres sont tirés d’une étude de la Fondation Leone Moressa, présentée à Rome le 18 octobre 2017.
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L'Italie compte quelque cinq millions d'immigrés en situation régulière, sans compter les 280.000 migrants arrivés sur les côtes de Sicile depuis le 1er janvier 2016. Malgré un flux presque ininterrompu, la population italienne fait preuve jusqu'à présent d'une certaine bienveillance vis-à-vis des ces migrants. Un rapport de la fondation italienne Leone Moressa éclaire cette «relative tolérance italienne». D'abord, cette étude rappelle que la péninsule «est un pays qui vieillit rapidement avec 7 naissances pour 11 décès par millier d'habitants». Ce qui veut dire que sans apport migratoire, la population baisserait chaque année.
Par ailleurs, le travail des migrants «n'est pas en concurrence directe avec celui des Italiens mais complémentaire», affirme cette étude basée sur des données de la Banque mondiale et de l'Institut national des statistiques (Italie).
Selon le professeur et économiste Stefano Solari, «la présence des immigrés représente une force de travail devenue indispensable dans de nombreux secteurs, dans la construction, l'hôtellerie, l'agriculture ou la restauration». Ils sont majoritairement employés de maison, aides à la personne, aides-soignants, ouvriers agricoles, peintres en bâtiments... Les immigrés représentent 17% à 18% de la main-d'œuvre, alors qu'ils ne représentent que 8,3% de la population. «Parmi les immigrés, seulement 11% ont des diplômes universitaires tandis que ce pourcentage atteint 31% chez les jeunes Italiens.»
Les Italiens se souviennent qu'il ont dû eux aussi, dans leur histoire, quitter leur pays pour trouver du travail aux Etat-Unis, en Argentine, en Belgique ou en France. Cette mémoire semble toujours présente.
Impact économique
Les impôts qu'ils versent en Italie – 7,2 milliards d'euros en 2016 – ne sont pas très élevés, car ils perçoivent généralement de faibles salaires et sont souvent exonérés d'impôts, mais leurs cotisations sociales, obligatoires pour tous, atteignent en revanche 11,5 milliards d'euros. Avec un solde positif dans les caisses de l’INPS, la Sécurité sociale italienne.
La population étrangère, plus jeune et plus active que la population italienne, remplit une fonction de maintien du système de retraites. En revanche, l'accueil et l'assistance de ces migrants, pèsent sur les budgets (national et européen).
Les immigrés ne sont pas seulement gardes d’enfants, femmes de ménages ou maçons: 571.255 entreprises en 2016 étaient dirigées par des étrangers, un chiffre en hausse de 25,8% par rapport à 2011, alors que dans la même période, le nombre d'entreprises italiennes a baissé de 2,7%.
Ces immigrés dépensent une grande partie de leur revenus en Italie, mais ils apportent également une aide importante à leur pays d'origine. Ils ont ainsi envoyé environ 5,1 milliards d'euros en 2016 à leurs familles, une somme supérieure à l'aide publique italienne au développement. L'italie mise aussi sur cette diaspora africaine pour qu'elle crée des emplois dans leur pays d'origine. Les exemples ne manquent pas, à l'image de Cheikh Diop qui, après avoir mis sur pied une coopérative de yaourts bio à Rome, est sur le point de créer (avec l'aide du MAE italien) une ferme biologique dans son village natal au Sénégal.
L'italie est également le premier investisseur européen en Afrique avec 11,6 milliards d'euros investis en 2016, et le 3e dans le monde derrière la Chine (38,4 milliards) et les Emirats arabes unis (14,9 milliards).
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