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G5-Sahel: un contre-sommet à Pô au Burkina Faso pour dénoncer "le chantage de la France"

Pour les détracteurs de la présence militaire française au Sahel, il est grand temps que les pays de la région prennent des initiatives souveraines pour assurer leur propre défense.

Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Manifestation contre la présence de l'armée française en Afrique en marge du sommet du G5-Sahel, le 13 janvier 2020 à Pau, dans le Sud de la France. (AMAURY BLIN / HANS LUCAS)

La ville de Pô, dans le centre-sud du Burkina Faso, est connue pour abriter un important centre d’entraînement para-commando. C’est de là qu’était partie la révolution dirigée par le capitaine Thomas Sankara en 1983. Et c'est depuis ce lieu symbolique que plusieurs organisations de la société civile ouest-africaine se sont retrouvées ce lundi 13 janvier pour le Sommet des peuples africains.

"Le paternalisme, la duperie et le chantage"

Alors que les caméras du monde entier étaient braquées sur la ville de Pau, dans le sud de la France, où les présidents de cinq pays sahéliens étaient réunis autour du chef de l'Etat français, quelque 150 représentants d’organisations syndicales, de partis politiques, des universitaires et des artistes venus de différents pays de l'Afrique de l'Ouest ont dénoncé les conditions actuelles de la coopération entre Paris et les pays du G5-Sahel, marquées par "le paternalisme, la duperie et le chantage".

Le chantage de la France consiste à dire : 'Si on s'en va, vous allez périr. Vous allez disparaître.' Nous, on a envie de dire : 'Est-ce qu'il faut continuer à déléguer nos responsabilités ?

Serge Bayala, Comité international Mémorial Sankara

à RFI

Pour les participants à ce contre-sommet organisé au Burkina Faso, il faut que le Sahel puisse par lui-même prendre des initiatives souveraines de défense. Ils insistent sur la réorganisation des armées au Sahel pour les adapter aux méthodes des assaillants tout en décortiquant les causes réelles des attaques menées au nom de revendications politiques et d'un sentiment de non-appartenance à l’Etat central.

Officiellement, les chefs d’Etat de Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad ont exprimé le souhait des voir la France poursuivre son engagement militaire au Sahel. Le sommet de Pau va-t-il, pour autant, renforcer la légitimité contestée des militaires français déployés au Sahel ? Le sentiment anti-français ne va pas disparaître comme par enchantement, analyse Le Pays, journal du Burkina Faso.

"Tant que les attaques, devenues de plus en plus meurtrières se multiplieront, il est à craindre que le discours des dirigeants africains ne suffise pas à contenir les opinions nationales. C’est plus dans les résultats sur le terrain que la France pourra se réconcilier avec tous ces Sahéliens qui l’accusent, à tort ou à raison, de passivité, voire de complicité avec l’ennemi", estime notre confrère burkinabè.

Le président du Burkina Faso, Marc Christian Kaboré, l'a bien compris. "Il nous faut des résultats probants et rapides. Nous jouons tous la crédibilité de chacun de nos pays et de la coalition", a-t il lancé à la fin du sommet de Pau.

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