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Espagne: une migrante ivoirienne séparée de son fils de 4 ans pendant 7 mois

Une Ivoirienne a retrouvé le 13 novembre 2017 en Espagne son fils de 4 ans après une séparation de sept mois, a annoncé l'ONG espagnole Women's Link. Ils étaient arrivés dans la péninsule ibérique dans deux embarcations différentes. La Cour européenne des droits de l'Homme a rappelé Madrid à l’ordre.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Bahoumou Totopa à Jerez de la Frontera (sud-ouest de l'Espagne), le 20 septembre 2017. (LAURA MARTINEZ VALERO / WOMEN’S LINK WORLDWIDE / AFP)

Bahoumou Totopa a pu récupérer son fils à Melilla, l'une des deux enclaves espagnoles (avec Ceuta) en Afrique du Nord, et se rendre avec lui à Jerez de la Frontera (Andalousie). Elle avait peur que «l’enfant ne la reconnaisse pas après une séparation aussi longue, mais il l’a reconnue, il savait que (Bahoumou) était bien sa mère», a expliqué un représentant de Women’s Link, cité par le journal espagnol El País.

La mère de 33 ans était arrivée clandestinement en Andalousie en avril en faisant la traversée en canot pneumatique. Son fils, Abdurrahmane, alors âgé de 3 ans, était parti un mois plus tôt avec une tante pour Melilla.

Bahoumou Totopa et son fils Abderrahmane. Photo tirée d'une vidéo de l'ONG Women's Link. (Capture d'écran d'une vidéo de l'ONG Women's Link)

Hébergée dans un centre d'accueil de migrants à Jerez de la Frontera, la mère n'a pas été autorisée, pendant six mois, à communiquer avec Abdurrahman, pris en charge par les services locaux de protection de l'enfance. Sa tante n’avait, elle non plus, pu entrer en contact avec lui.

Les autorités espagnoles ont exigé de Bahoumou Totopa des documents et des photos prouvant sa parenté avec l’enfant. Ainsi qu’un test ADN. Dans le même temps, elles ont refusé que la mère lui parle au téléphone, selon Women’s Link. Elles ne lui auraient par ailleurs communiqué aucune nouvelle du petit garçon, affirme l’ONG.

«Ca me fait très mal. (…) J'ai besoin de mon enfant. (…). C'est pas du tout facile (quand) on arrache comme ça un enfant à sa mère. (…) Tous les documents qu’ils ont demandés, j’ai tout envoyé», déclarait l'Ivoirienne en octobre dans une vidéo diffusée par l'ONG. Elle ajoutait: «Je souffre. Je ne suis pas venue en Europe pour souffrir.»


La mère craignait que soit entamée une démarche d’adoption de l’enfant.

Après de multiples interventions auprès des autorités locales, Women's Link a fini par saisir la Cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg. «A la suite de la plainte, le procureur (espagnol) a assuré (à la Cour européenne) que les retrouvailles de la mère et du fils auraient lieu dès que les tests ADN prouveraient la filiation», rapporte l’agence espagnole Europa Press.

Le 19 octobre, la Cour avait demandé à l’Espagne «de prendre des mesures provisoires (par exemple des visites, des contacts par téléphone, etc.) en attendant les résultats du test ADN».

Ce test s’est finalement avéré positif, a rapporté l'ONG.

Les autorités espagnoles sont régulièrement épinglées pour leur traitement des migrants notamment à Ceuta et Melilla.

Selon les Nations Unies, plus de 1600 enfants, notamment syriens, sont arrivés clandestinement en Espagne en 2016. Soit 12% de l'immigration irrégulière vers ce pays. En 2015, les photos d’un autre jeune Ivoirien de 8 ans, Adou Ouattara, retrouvé caché en position fœtale dans une valise à Ceuta, avait fait le tour du monde.

Adou Ouattara, un jeune migrant ivoirien de 8 ans, caché dans une valise à son arrivée à Ceuta, enclave espagnole en Afrique du Nord le 8 mai 2015. (AFP - Spanish Guardia Civil)

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