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Egypte: reprise en main des monastères coptes après le meurtre d'un évêque

Deux jeunes moines coptes-orthodoxes, Isaïe al-Makari et Philotheos al-Makari, comparaissent devant la justice égyptienne le 23 septembre 2018, pour le meurtre d'un évêque. La victime, Epiphanius, était le supérieur du monastère Saint-Macaire de Scété, à Wadi el-Natrun, au nord-ouest du Caire. Il était proche de Tawadros II, pape copte favorable à un recadrage des moines éloignés de la pauvreté.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Cellules des moines du monastere de Saint Macaire de Scété. (Leemage)


C'est le pape copte-orthodoxe Tawadros II en personne qui a présidé les funérailles d'Anba Epiphanius en l’église du monastère Saint-Macaire. Edifié au IVe siècle, le monastère de l'antique Scété est situé à Wadi el-Natrun, à 92 kilomètres du Caire, sur le côté ouest de la route du désert en direction d’Alexandrie. Le corps sans vie de l'higoumène a été retrouvé au milieu une mare de sang avec le crâne brisé alors qu'il se rendait à la chapelle pour la prière.

Si le mobile du crime reste trouble, la victime était connue pour être
 proche de Tawadros II, favorable à la réforme du monachisme copte dont Anba Epiphanius était l'une des voix égyptiennes. Après l'annonce de sa mort, sa longue barbe blanche, son bonnet brodé et son sourire ont fait le buzz sur les réseaux sociaux.

Ordonné prêtre en 2002, il était entré dans ce monastère en 1984. Originaire de Tanta, Anba Epiphanius était diplômé en médecine et avait traduit du grec à l’arabe des publications des Saintes Ecritures, selon le site catho24.com. De son côté, La Croix l'a décrit comme «érudit», «spirituel »«polyglotte», «ouvert» et même «drôle».


Jusqu'ici, les autorités ecclésiastiques sont restées silencieuses sur cette affaire qui a bouleversé l'Eglise copte d'Egypte. Environ 400 personnes, moines, ouvriers et familiers du monastère, ont été longuement interrogées lors d'une enquête de police. Cette dernière a inculpé un ancien moine, Wael Saad Tawadros alias Isaiah Al Makary (son nom religieux) qui a avoué le meurtre, affirmant avoir frappé Anba Epiphanius à la tête avec une barre de fer.

Le site Vatican News rapporte qu'il faisait l'objet d'une expulsion pour comportement «en désaccord avec les principes du monachisme» et qu'il était en conflit avec son supérieur. Après la mort de ce dernier, les autorités de l'Eglise orientale ont appelé tous les moines à davantage de réserves sur les réseaux sociaux. Tawadros II a lui-même donné l'exemple en désactivant sa page officielle Facebook.

Dérives de la vie monastique
Ce rappel à l'ordre intervient au moment où le patriarcat copte-orthodoxe tente d'accroître le contrôle sur les nombreux monastères d'Egypte afin mettre un terme aux dérives de la vie monastique. Dans le collimateur, les donations parfois importantes des visiteurs. Celles-ci ont «considérablement enrichi les monastères» et institué chez les moines un «rapport à l’argent malsain», nous apprend encore Vatican News.

Lors de la cérémonie funéraire dAnba Epiphanius, Tawadros II a rendu un vibrant hommage à cette figure religieuse qui avait été élue en 2013 à la tête du monastère où vivent une centaine de moines. «Il était simple dans ses vêtements, son logement et sa nourriture. Anba Epiphanius était également très modeste, préférant toujours s’asseoir dans les derniers rangs», a déclaré Tawadros II, cité par La Croix. Selon le journal, le pape copte visait implicitement certains moines jugés trop éloignés de l’idéal de pauvreté des pères du Désert. 

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