Au Cameroun, un ancien patron de l’audiovisuel public en détention "provisoire" depuis plus de cinq ans
Réputé pour son intégrité, le journaliste Amadou Vamoulké est poursuivi pour détournement présumé de fonds publics.
Plus de 2 000 jours en prison, des dizaines d’audiences et de renvois et aucun jugement. Depuis son arrestation fin juillet 2016, l’ancien directeur général de la radio-télévision publique du Cameroun (CRTV) Amadou Vamoulké, 72 ans, attend toujours son procès.
Une accusation "sans preuve"
Nommé en 2005, Amadou Vamoulké a dirigé l’audiovisuel public camerounais pendant plus de dix ans avant de tomber en disgrâce. En 2016, il a été accusé de détournements de fonds publics par le Tribunal criminel spécial (TCS), une juridiction dédiée à la répression de la grande corruption. Seulement voilà, il n’y a "ni preuve, ni témoin à charge", selon l'ONG Reporters sans frontières qui rappelle que le journaliste est réputé pour son intégrité.
La politique anti-corruption lancée par les autorités camerounaises en 2006 est régulièrement accusée d’avoir été dévoyée pour se débarrasser des personnalités devenues gênantes pour le pouvoir.
Inquiétude sur son état de santé
Le comité de soutien du journaliste et ses avocats dénoncent une arrestation arbitraire et une justice politisée. Ils ont demandé à plusieurs reprises sa mise en liberté provisoire en raison de son état de santé. Atteint d’une maladie neurologique, Amadou Vamoulké risque une amputation des membres inférieurs, selon Jeune Afrique qui cite des experts de santé de l’université de Yaoundé. Malgré tous les appels à sa libération, dont celui de l’ONU, Amadou Vamoulké reste en prison sans être jugé. L'ONG Reporters sans frontières (RSF) dénonce une procédure ignoble "qui s’inscrit en marge des standards les plus élémentaires en matière de justice et de dignité humaine".
Le Cameroun occupe la 135e position sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF en 2021.
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