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Algérie: l’expulsion de milliers de migrants vers le désert continue

L'Algérie a expulsé plus de 13.000 personnes vers le désert nigérien au cours des 14 derniers mois, selon des chiffres révélés par Associated Press. L'enquête de l'agence américaine publiée le 25 juin 2018 dénonce notamment les conditions de cette expulsion.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1 min
Des migrants d'Afrique subsahrienne et des ressortissants nigériens dans la ville nigérienne d'Assamaka, à la fontière avec l'Algérie. (AP Photo/Jerome Delay)

Marche ou crève. C’est le titre du reportage de l’agence Associated Press basé sur les témoignages de migrants d’Afrique subsaharienne au Niger.  
Chassés d’Algérie, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont été forcés, ces derniers mois, à traverser le désert du Sahara à pied.
Tous ont été abandonnés au poste-frontière sans eau et sans nourriture.
 
Une marche de 15 kilomètres
Pour rejoindre Assamaka, le village frontalier le plus proche du Niger, il faut marcher plus 15 kilomètres sous des températures dépassant parfois les 40 degrés.

Une traversée fatale pour nombre d’entre eux qui ont disparu dans le Sahara selon de nombreux témoignages recueillis par Associated Press qui parle d’un nombre incalculable de victimes.
«Des femmes sont mortes, des hommes... D'autres personnes ont disparu dans le désert parce qu'elles ne connaissaient pas le chemin», raconte Janet Kamara, une ressortissante libérienne qui était enceinte et a perdu son bébé lors de cette marche.
 
Les expulsions massives
En février dernier, Médecins sans frontières dénonçait l’expulsion de centaines de migrants subsahariens «transportés en bus puis en camion à la frontière avec le Niger et contraints d’atteindre à pied, en plein désert, la ville de Assamaka».

Plusieurs associations de défense des droits de l'Homme avaient pour leur part mis en garde contre les «conséquences désastreuses» de ces «expulsions collectives».
 
Pressions européennes?
Les autorités algériennes ont refusé de commenter l’enquête menée par Associated Press. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait déjà rejeté les accusations antérieures concernant l’expulsion des migrants. «Parce que l'Algérie n'accepte pas d'être un centre de rétention de migrants africains au bénéfice de l'Europe, elle est la cible d'attaques d'organisations extérieures qui osent même l'accuser de racisme», a-t-il déclaré cité par le site russe Sputnik.  
 
Les expulsions massives de l’Algérie ont repris depuis octobre 2017, lorsque que l’Union européenne a renouvelé la pression sur les pays d’Afrique du Nord pour qu’ils bloquent les migrants qui veulent traverser la Méditerranée.
 
Les migrants en situation irrégulière en Algérie – essentiellement des ressortissants d'Afrique subsaharienne – sont estimés à environ 100.000 par les ONG.

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