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Algérie: Hadda Hazem, journaliste en grève de la faim pour sauver son journal

Hadda Hazem, la directrice du quotidien arabophone «Al-Fadjr», est en grève de la faim depuis lundi 13 novembre 2017 pour son sauver son journal en grandes difficultés financières. Privé de la publicité publique après ses déclarations contre le président algérien Abdelaziz Bouteflika, «Al-Fadjr» n’arrive plus à payer les salaires de ses employés.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La journaliste Hadda Hazem (Capture d'écran du compte Facebook de Hadda Hazem)

Qu’il vente ou qu’il pleuve, comme ce lundi à Alger, Hadda Hazem ira jusqu’au bout, malgré les objections de son médecin. Campée dans la Maison de Presse, la directrice du quotidien arabophone Al-Fadjr (L’Aube) a entamé une grève de la faim pour protester contre «l’asphyxie financière» de son journal. «Ma revendication majeure est de lever les pressions qui pèsent sur le journal Al-Fadjr depuis sa création, il y a 17 ans», affirme-t-elle.


Verbe haut, positions tranchées, Hadda Hazem n’a pas sa langue dans la poche. Invitée sur France24 le 9 août 2017, elle a tenu des propos acerbes sur le régime algérien. Conséquence: son journal est privé de publicité publique. Et les annonceurs privés, souvent ne vivant que de marchés étatiques, ont emboîté le pas.

Capture d'écran du journal Liberté (DR/Liberté)

«Le régime a affuté ses armes, s’est adapté à l’économie de marché. Il ne censure plus les journaux, il se contente de sucrer la publicité publique, via l’agence ANEP, aux médias jugés récalcitrants et incite fortement les investisseurs privés à en faire de même», explique à GéopolisAfrique un rédacteur en chef (sous couvert d'anonymat). Et de préciser: «Depuis le quatrième mandant de Bouteflika, le pouvoir ne se cache plus pour mater les médias. Nous sommes arrivés à une situation kafkaïenne: des journaux à grands tirages, réputés hostiles au régime, sont dépourvus de publicité tandis que des quotidiens confidentiels croulent sous les annonces.»

(C'est à cause de cette intervention sur France24 que mon journal est interdit de publicité)




Hadda Hazem, première femme à avoir fondé un journal en Algérie, ne peut être taxée de pro-régime. «Ses prises de position contre le deuxième mandat de Bouteflika, en 2004, et sa réélection pour un quatrième, en 2014, lui ont valu quelques tracasseries. La première fois, elle a été incarcérée pendant dix-huit jours pour une sombre histoire de chèque sans provision l’ayant opposée à une imprimerie d’Etat», rappelle Jeune-Afrique.




«J’ai dû m’endetter deux fois pour payer les salaires de mes employés. Nous avons pris certaines mesures pour diminuer les charges, telles que la diminution des pages du journal à 16 et le travail par brigades, mais cela n’est pas suffisant», confie Hadda Hazem à El Watan

Les autorités n’ont pas réagi pour l’instant. Un silence, interprété par la directrice comme une volonté de mise à mort de son journal. 

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