Afrique du Sud : le charbon à la vie, à la mort
Les Sud-Africains les plus pauvres vivent au pied des terrils et en subissent les conséquences, souvent mortelles.
eMalahleni, "le lieu du charbon" en langue Nguni, est une petite ville d’Afrique du Sud située à une heure de route à l’est de Pretoria. 100 000 habitants et une richesse, le charbon, comme son nom l’indique. La région assure 83% de la production nationale.
Une richesse, mais aussi son pire cauchemar. Car le charbon, abondant en Afrique du Sud, est le principal combustible utilisé dans les centrales électriques. Et des centrales, la région d’eMalahleni en compte douze. Ajoutez-y une usine de liquéfaction du charbon et une raffinerie de pétrole et vous obtenez l’air le plus pollué de tout le pays.
Selon l’ONG Groundwork, cette pollution a été responsable de 300 à 650 décès prématurés en 2016. Aussi Groundwork associée à Vukani, une autre association de défense de l’environnement, viennent d’attaquer en justice le gouvernement pour avoir "violé le droit" constitutionnel des habitants à respirer un air sain.
Reportage AFP VIDEO
Mais eMalahleni n’est pas un cas isolé en Afrique du Sud. Selon le quotidien Mail & Guardian, "l’air de nos villes nous tue". Le journal avance le chiffre de 54 morts par jour liés à la pollution de l’air, soit 20 000 par an. A Johannesburg, on a repris le surnom inventé par les Chinois pour les pics de pollution : "Airpocalypse". C’est le cas plus d’un jour par semaine !
Une loi sur l’air a bien été votée en 2004, fixant des limites de rejets à ne pas dépasser. Mais les gros pollueurs comme l’électricien Eskom ont réclamé et obtenu des exemptions jusqu’en 2020. Quant aux autres, les contrôles sont bien trop rares pour être coercitifs. Il n’y a que 2600 contrôleurs pour l’ensemble du territoire.
Mail & Guardian rappelle aussi que la pollution est de la responsabilité de tous, que ce soit des détritus brûlés en plein air ou du charbon ou le bois pour se chauffer et cuisiner, faute de moyens pour se fournir en électricité. Le journal jette un pavé dans la mare et n’hésite pas à affirmer : "Si les plus grands pollueurs diminuaient leur pollution, les niveaux de toxines dangereuses seraient encore trop élevés."
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