La Sierra Leone choisit le chimpanzé comme nouvel emblème national
Un choix fait pour développer l'écotourisme et protéger une espèce qui paie au prix fort l'action de l'homme dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, voisin de la Guinée et du Liberia. Un pays qui se relève de la guerre civile (1991-2002) et d'une épidémie d'Ebola (2014-2016).
Les "chimpanzés verus" (ou "chimpanzés occidentaux"), une sous-espèce de ces grands singes arboricoles d'Afrique de l'Ouest, sont chassés par les braconniers pour leur viande ou tués par des agriculteurs en représailles des dégâts qu'ils causent dans les plantations. Ils voient aussi leur habitat, la forêt tropicale des alentours de la capitale sierra-léonaise Freetown, en principe zone protégée, réduit par une urbanisation croissante et l'exploitation du bois.
Le chimpanzé verus est désormais "l'animal national de la Sierra Leone", a déclaré le ministre de l'Agriculture, Joseph Ndanema, le 28 février au cours d'une cérémonie en l'honneur de l'éminente primatologue britannique Jane Goodall.
Sanctuaire
"Nous avons 98% de gènes en commun avec les chimpanzés", a affirmé la primatologue de 84 ans, messager de la paix des Nations unies, lors de la cérémonie. "Tout être humain doit protéger l'environnement pour préserver le futur", a rappelé celle qui a conseillé les autorités lors de la création dans les années 1990 du seul "sanctuaire" de protection des chimpanzés du pays, Tacugama, aux portes de la capitale Freetown.
Ce sanctuaire a secouru onze bébés chimpanzés au cours des 12 derniers mois et accueille 90 primates sauvés du braconnage et du rétrécissement de leur habitat naturel. Deux autres structures du même type devraient être prochainement créées dans le pays, selon le gouvernement.
La population de chimpanzés verus a chuté de 80% entre 1990 et 2014, confirme une étude de l'American Journal of Primatology. Il en resterait environ 5500 en Sierra Leone, soit quelque 10% de cette catégorie de singes. Ceux-ci ont déjà disparu du Burkina Faso, du Bénin, de Gambie et peut-être du Togo, selon la même source.
Ecotourisme : en avant toute
Dix-sept ans après la fin de la guerre civile, qui a fait quelque 120.000 morts, et après l'épidémie d'Ebola et une coulée de boue (un millier de victimes en 2017), la Sierra Leone mise sur l'écotourisme pour redevenir une destination de choix.
Ce pays a pour lui "des plages magnifiques, une faune incroyable, une culture très riche et de nombreux sites historiques", a expliqué le ministre du Tourisme, Memunatu Pratt. "Nous allons faire de la Sierra Leone une destination de premier plan pour le tourisme d'observation des singes", a-t-il poursuivi.
"Les plages sauvages de sable blanc attiraient déjà un public haut de gamme avant la guerre civile. Le pays mise plus que jamais sur ce patrimoine naturel, qu’il souhaite protéger en interdisant le tourisme de masse", confirme le site professionnel tourmag.com. Lequel précise que la faune et la flore y sont "particulièrement riches".
"Au-delà de l’écotourisme, la Sierra Leone souhaite attirer un tourisme culturel en mettant en avant son patrimoine historique, avec des reliques de la colonisation et de l’esclavage, et faire découvrir sa culture via des circuits dans les villages par groupes restreints – afin de ne pas déranger les populations", précise le site.
Selon les autorités, les touristes devraient pouvoir, dans les prochaines semaines, obtenir leur visa à leur arrivée à l'aéroport. Des touristes pour l'instant surtout venus du Royaume-Uni, des Etats-Unis et d'Allemagne. "Le public français, lui, est encore timide", observait tourmag.com en octobre 2017. Les visiteurs venus de l'Hexagone venaient en nombre avant les évènements qui ont endeuillé la Sierra Leone.
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