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Sénégal : une compétition de robots qui aide les filles à s'émanciper

Samedi 20 mai 2017, à Dakar, 250 adolescentes et adolescents se sont réunis pour la PanAfrican Robotics Competition (PARC). Il s’agit de la deuxième édition de ce concours où les élèves construisent et programment leurs robots pour les faire s’affronter. Cette année, les jeunes filles se sont démarquées, soulevant un espoir certain dans une Afrique encore très machiste.
Article rédigé par Louise Bugier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une jeune femme prépare son robot pour la finale de la compétition de robots à Dakar le 20 mai 2017 (SEYLLOU / AFP)

«Ça a changé ma vie, c’est bien plus qu’une compétition de robots», explique Aminata Ndiaye, 15 ans, en souriant. Avec ses camarades de classe, elle vient juste de recevoir un prix pour la pompe qu’elles ont créée pour lutter contre les inondations, a rapporté l’AFP. Une autre jeune fille de 14 ans expose à un groupe d'adultes comment l'arachide peut être transformée en carburant. Venues de toute l’Afrique de l’Ouest, en 2017 les jeunes filles étaient à l’honneur pour le PARC.

Les filles à l’honneur
Une semaine d'ateliers de robotique et beaucoup d'énergie pour créer de A à Z les machines en compétition et gagner de nombreux prix. «Toutes mes amies veulent devenir ingénieures maintenant !», affirme Umu Tarawally, jeune Gambienne de 14 ans qui rêve quant à elle d’exercer la médecine.


«Elles ne sont peut-être pas très nombreuses à étudier la technologie et les mathématiques, mais quand elles s’y mettent, elles sont souvent dans les meilleures de leurs classes», affirme Sidy Ndao, le créateur du PARC. Ce sénégalais d’origine a quitté son pays natal alors qu’il était jeune pour les Etats Unis où il est devenu professeur d’université. Il est revenu en Afrique pour créer ce concours pour faire «découvrir les sciences» aux enfants. Et peut-être «leur donner une vocation d’ingénieur ou de scientifique» ?

Inégalités devant l’école
Au Sénégal, la moitié des enfants ne terminent pas leur cursus scolaire et les inégalités sont flagrantes, ne serait-ce que géographiquement. D’un côté, les écoles privées de Dakar ont des laboratoires informatiques et des cours de technologie mais de l’autre, certaines écoles de campagne n’ont pas même accès à l’électricité.

Ndeye Fatou Ndiaye, 7 ans, dans son école du centre du Sénégal, le 10 juin 2013 (AFP PHOTO / SEYLLOU)

Autre inégalité qui elle, se joue à la maison : la tradition populaire impose généralement aux filles une éducation plus dirigée vers le foyer que les études. Alors que les filles sont bien plus nombreuses à l’école primaire que les garçons, les chiffres d’alphabétisation et de scolarisation en secondaire s’inversent par la suite (ONU).

L’influence étrangère
A côté de cela, les élèves qui font des études supérieures partent souvent vers l’étranger. Et pourtant, «pour qu’un pays prenne la voie du développement, il a vraiment besoin de scientifiques et d’ingénieurs», poursuit le créateur du concours PARC.

Dans une Afrique où les ressources naturelles sont toujours largement contrôlées par des capitaux étrangers, cette volonté d’émancipation est d’autant plus forte. L’Etat a bien compris que si «le Sénégal entend devenir une nation émergente», la population devra «maîtriser toutes les sciences techniques et les mathématiques afin d’acquérir l’expertise nécessaire à l’exploitation de [ses] propres ressources naturelles», a assuré Mary Teuw Nina, ministre de l’Education supérieure.

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