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Sénégal : le président Macky Sall n'a plus la majorité absolue à l'Assemblée

L'opposition consteste les résultats provisoires des législatives du 31 juillet.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une affiche de la coalition du camp présidentiel aux législatives, le 25 juillet 2022, à Dakar, la capitale du Sénégal.  (LUCIA WEISS / DPA)

Victoire mitigée. Le camp présidentiel a perdu la majorité absolue à l'Assemblée nationale mais reste en tête avec une très courte avance après la proclamation le 4 août des résultats officiels provisoires des élections législatives du 31 juillet au Sénégal.

La coalition du président Macky Sall, "Benno Bokk Yakaar", passe de 125 députés en 2017 à 82, sur les 165 que compte l'Assemblée, selon les résultats officiels provisoires de la Commission nationale de recensement des votes (CNRV). Pour la première fois dans ce pays d'Afrique de l'Ouest réputé pour sa stabilité, la formation au pouvoir perd la majorité absolue et devra s'appuyer sur d'autres forces au Parlement pour faire passer ses lois.

L'opposition, qui tout comme le camp présidentiel avait revendiqué la victoire, gagne 80 sièges de députés au total. "Yewwi Askan Wi" (Libérer le Peuple en wolof), la principale coalition de l'opposition formée autour d'Ousmane Sonko, remporte 56 sièges. "Wallu Sénégal" (Sauver le Sénégal en wolof), dirigée par l'ex-président Abdoulaye Wade qui devient député à l'âge de 96 ans, décroche elle 24 sièges.

Les deux formations politiques, qui ont formé une alliance pour les législatives, confirment la dynamique de l'opposition déjà initiée lors des élections locales de janvier, notamment dans certaines grandes villes. Trois autres députés sont issus des rangs de trois autres petites coalitions de partis. 

"Nous rejetons ces résultats"

Les chiffres définitifs doivent être publiés par le Conseil constitutionnel dans un délai de cinq jours s'il n'y a pas de recours. Mais l'opposition les conteste déjà. "Nous rejetons ces résultats", a réagi Déthié Fall, représentant la coalition Yewwi Askan Wi après la proclamation officielle. Un peu plus tôt dans la journée du 4 août, il avait saisi la Commission électorale pour lui demander "le droit de vérifier les procès-verbaux (de bureaux de vote) en vue de faire ses observations et réclamations éventuelles dans les délais légaux", ce qui lui avait été refusé, selon ses dires.

"La coalition Yewwi Askan Wi n'a pas signé le procès-verbal de la CNRV parce qu'on ne peut accepter ce refus", a-t-il déclaré, ajoutant que si elle avait eu accès à tous les documents, "on allait encore voir des irrégularités qui allaient affecter leur suffrage et nous permettre de récupérer les deux députés qu'ils nous ont pris indûment".

"Nous n'allons pas accepter une confiscation de la victoire. C'est une entreprise de fraudes massives orchestrées par des hommes politiques avec certainement la complicité de l'administration" territoriale, avait déclaré la veille Ousmane Sonko, arrivé troisième à la présidentielle de 2019 et qui compte se présenter en 2024.

Le président Macky Sall a salué, lui, dans un tweet "l'exemplarité" de la démocratie sénégalaise après la proclamation des résultats officiels.

Ces résultats pourraient convaincre le chef de l'Etat sénégalais, désavoué par les urnes, de renoncer au projet qui lui est prêté de se représenter à la présidentielle de 2024, disent experts et observateurs. Le président Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, maintient le flou sur ses intentions. Il a promis qu'il nommerait un Premier ministre au sein de la formation victorieuse des élections.

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