: Reportage "On parle très rarement du Débarquement de Provence" : au Sénégal, la participation des tirailleurs à l'opération reste méconnue
Installés dans une salle de la banlieue de Dakar, les neuf élèves du lycée de Thiaroye mettent en commun ce qu’ils ont découvert ces dernières semaines sur le Débarquement en Provence. De nombreux élèves n'avaient en effet jamais entendu parler de cette journée du 15 août 1944, et encore moins la participation de tirailleurs sénégalais à cette vaste opération. "Ici au Sénégal, on parle très rarement du Débarquement de Provence, explique Ibrahima, en classe de seconde. On a interrogé beaucoup de tirailleurs sénégalais, d’anciens combattants et même lorsqu’on était au musée des forces militaires, ils n’ont rien dit du Débarquement de Provence. Et à l’école non plus, on n’apprend pas cet épisode."
C’est d’ailleurs pour pallier cette absence, et surtout la lecture coloniale de l’évènement des programmes scolaires, que la professeure de français Dienaba Sarr s’investit. "C’est ce programme-là que j’ai étudié, la Seconde Guerre mondiale, et c’est ce programme-là qui continue à être enseigné et de la même manière. Ça veut dire que, même avec les avancées, nous continuons d’enseigner le programme tel que voulu par les Français aux Sénégalais, explique Dienaba Sarr, qui a créé ce groupe de recherche. C’est ce que ce débarquement a servi à la France et comment ça s’est passé, mais pas en relation avec les tirailleurs.”
Cinq lycéens sénégalais aux commémorations en France
Ce manque de reconnaissance pour ceux qui les ont précédés, et qui ont parfois donné leur vie, choque Mamadou, élève de terminale. "C’est un sentiment de malheur, de frustration. C’est triste, en quelque sorte, que les tirailleurs ont participé au Débarquement de Provence et nous, nous ne sommes pas au courant."
Sur les neuf lycéens, cinq participent ce jeudi 15 août aux cérémonies en France. "Nous souhaitons vraiment nous rendre dans ces lieux pour savoir ce qu’ils ont compris. Et on compte échanger là-dessus pour voir la meilleure version : nous tenons vraiment à la réécriture de l’histoire", raconte Ibrahima, qui espère rencontrer des lycéens du sud de la France.
"Je pense que ça va nous permettre de connaître un peu mieux notre histoire. J'ai prévu de visiter quelques endroits où étaient les tirailleurs sénégalais, pour mieux vivre le moment."
Sokhana, lycéen sénégalais participant aux cérémonies en Franceà franceinfo
Une réécriture de l’histoire pour en faire leur histoire, celle du Sénégal. C’est l’objectif de ces lycéens qui ont déjà prévu de faire découvrir cet épisode méconnu à leurs camarades de classe, dès la rentrée.
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