Le Sénégal veut renforcer "son autosuffisance" et sa "souveraineté économique" dans l’après-Covid
Tirant les leçons de la crise sanitaire, Dakar veut être moins dépendant de l'économie internationale et plus compter sur ses propres forces.
L'heure est au recentrage économique. Le gouvernement sénégalais a adopté un plan de relance de 14 700 milliards de francs CFA sur trois ans (environ 22 milliards d'euros), visant à renouer avec une croissance économique mise à mal par la crise sanitaire. Alors qu'il misait sur une progression du PIB de 5% en 2020, celui-ci devrait reculer de près de 1% cette année. La pandémie de coronavirus a particulièrement affecté le tourisme et les transferts d’argent des Sénégalais de l'étranger, deux importantes sources de revenus.
Les hôtels touristiques désertés
Le secteur touristique a connu un coup d’arrêt brutal alors qu’il connaissait une belle progression ces dernières années, avec pour conséquence des entreprises en difficulté et des dizaines de milliers d’emplois perdus. Le pays est privé d’une grande partie de ses touristes depuis mars 2020 et la reprise des vols internationaux en juillet n’a pas encore ramené les Français et les Canadiens sur les plages sénégalaises.
Par ailleurs, les transferts d’argent de la diaspora sénégalaise, qui représentent chaque année près de 10% du PIB, ont connu eux aussi une forte baisse. C'est cette dépendance vis-à-vis de l’extérieur que le Sénégal veut repenser et dépasser.
Alors que, selon l'OMS, l'épidémie semble refluer sur le continent, l'heure est au questionnement. Le Sénégal veut repenser ses modèles économiques en mettant l'accent sur l'autosuffisance. En transformant les matières premières et agricoles, en industrialisant l'économie de telle sorte qu'en cas de fermeture des frontières, le pays puisse continuer de fonctionner.
La mondialisation économique n'est plus tendance
Le recentrage sur la production et la consommation locales passera par une "accélération de la souveraineté alimentaire sur les produits de base" (riz, poisson, viande) et par "l'industrialisation" des secteurs agro-alimentaire et pharmaceutique, a indiqué le ministre de l'Economie, Amadou Hott.
Le Sénégal, comme de nombreux pays africains, espère devenir moins dépendant des évènements extérieurs, sur lesquels il n’a aucun poids. Cela passe par une réduction des importations et une meilleure protection des industries naissantes, notamment dans l'agro-industrie. Mais "plutôt que d'instaurer des mesures protectionnistes, nous allons renforcer la compétitivité de nos entreprises", a ajouté le président Macky Sall, en assurant que le Sénégal continuera à "respecter ses engagements vis-à-vis de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)".
Cela passe également par le développement du tourisme local et régional, plutôt que par le seul tourisme international, "la transformation digitale de l'économie et le renforcement de la protection sociale (qui) sont les autres grands enjeux des prochaines années", a affirmé le président sénégalais.
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