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LA VIDEO. Sénégal: une «pharmacie digitale» pour éviter le gaspillage

Rendre les médicaments que l'on a pas utilisés pour avoir la possibilité de s'en procurer d'autres, c'est le principe de l'application développée dans le cadre du projet JokkoSanté lancé au Sénégal.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Variété de médicaments sous forme de pilules et comprimés (CRISTINA PEDRAZZINI / SCIENCE PHOT / CPD / SCIENCE PHOTO LIBRARY)

C'est une application qui lutte à la fois contre le gaspillage des médicaments et permet aux patients les plus démunis de s'offir ceux dont ils ont besoin. A l'origine du projet pilote JokkoSanté conduit au Sénégal, Adama Kane qui est parti d'un constat : celui de tous ces médicaments inutilisés qui traînent dans beaucoup de foyers aisés.  

«JokkoSanté est un système communautaire de dépôt, de stockage, de partage et de financement croisé des médicaments qui fait passer la boîte à pharmacie de l’échelle familiale à l’échelle du département, de la région voire du pays. Ce système est adossé à une application web/mobile qui permet d’effectuer toutes les transactions en toute sécurité avec l’implication de bout en bout des professionnels de la santé et en conformité avec les protocoles et procédures en vigueur», explique-t-on sur le site de la start-up sénégalaise. «Notre application est utilisée par les hôpitaux, les pharmacies et les centres de santé» qui réceptionnent les produits collectés, explique Adama Kane.

Troc de médicaments
Cette «pharmacie virtuelle» facilite ainsi la collecte des médicaments superflus, en échange de points bonus qui permettront à ses usagers, environ 1.500 pour l'instant, de se procurer ceux dont ils ont besoin. «Maintenant, ni moi ni mes proches n'avons plus de problème pour accéder aux médicaments. Il suffit de venir, de collecter des points», confie Marie Gueye qui ramène ses médicaments contre l'asthme dans un centre de santé à Passy (centre du Sénégal). Les utilisateurs peuvent ensuite dépenser leurs points pour effectuer de nouveaux achats grâce à une compte sur leur téléphone portable.

Pour ceux qui ont du mal à payer, dans un pays où plus de la moitié de la population est dépourvue d'assurance maladie, JokkoSanté a mis en place un système parrainé par les grandes entreprises qui leur donne accès à des médicaments gratuits. A l'hôpital pour enfants de Diamniadio, près de Dakar, Yacina Ba a pu en bénéficier pour soigner son bébé, après avoir épuisé son budget de 50.000 francs CFA (76 euros).

Une alternative aux médicaments contrefaits
JokkoSanté est également un moyen de lutte contre les médicaments périmés et contrefaits qui sont devenus une alternative pour ceux qui ne peuvent pas s'en procurer dans les pharmacies. Les médicaments périmés ou contrefaits sont non seulement inefficaces, mais peuvent favoriser la résistance aux antibiotiques, voire causer la mort, en privant les patients de traitements efficaces, selon les experts.

La contrefaçon de médicaments concernerait 10% des produits en circulation dans le monde, soit un chiffre d'affaires estimé à quelque 85 milliards d'euros, selon l'Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments (Iracm) basé à Paris. Mais en Afrique subsaharienne, cette proportion s'élève plutôt à 30%, selon les spécialistes. Les 15 pays de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) ont annoncé en avril 2017 le lancement d'une enquête sur le trafic de médicaments expirés ou contrefaits et d'une campagne de sensibilisation au phénomène.







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