La dépigmentation de la peau fait des ravages au Sénégal
La dépigmentation ou xeesal en wolof est très en vogue au Sénégal. Coumba Bâ, vendeuse de friandises pour enfants au marché de cambérène, dans la banlieue de Dakar, le définit ainsi: «C'est rendre sa peau plus belle, plus attractive, parce que la femme n'a que sa beauté à vendre. Elle n'a que son corps à montrer, c'est son atout majeur. Le charme d'une femme, c'est la peau claire.»
L'ultime but de celui ou celle qui pratique la dépigmentation est avant tout la recherche de la peau blanche à des fins esthétiques. Il s'agit de l'application sur tout le corps de plusieurs composés: laits ou crèmes à base d'hydroquinone ou de crèmes et gels à base de corticoïdes puissants. La dépigmentation apparaît plus fréquente chez les Dakaroises âgées de 20 à 40 ans, chez les femmes mariées, celles ayant un niveau de scolarisation primaire, celles ayant une activité professionnelle comportant un contact direct avec une clientèle et chez les femmes possédant des biens de consommation tels qu'une télévision, un téléphone ou une voiture.
Aucun segment de la vie n'échappe à cette pratique. Pour la sociologue Khaly Niang, la dépigmentation de la peau est passée «d'un phénomène social à un drame sociétal». Les cérémonies comme les baptêmes ou les mariages constituent aussi une explication. Les principales motivations des utilisatrices sont la mode, le désir d'être belle, l'imitation de leur entourage...
Mais cet usage de produits de dépigmentation constitue un facteur à risque pour l'hypertension artérielle et le diabète. Les produits utilisés sont potentiellement toxiques, ont de nombreux effets secondaires, et sont très réglementés en Europe. La dermatologue Fatouma Ly en appelle, en dehors de la sensibilisation, à une implication totale des autorités sanitaires pour interdire l'usage des médicaments à des fins cosmétiques. Et de plus en plus de voix s'élèvent pour demander au gouvernement d'interdire comme en Gambie ou en France, l'importation des produits de dépigmentation.
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