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Sahara occidental: le conflit entre le Maroc et le Polisario émerge à Beaubourg

Sous le feu des critiques des milieux culturels et médiatiques marocains, le Centre Pompidou a dû suspendre la présentation d'un livre comportant des photos d'archives sur le conflit du Sahara Occidental. Le président de la Fondation marocaine des musées a accusé le centre de participer à «une propagande algéro-polisarienne» en montrant des photos de soldats marocains morts dans ce conflit.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le Centre Georges Pompidou de Paris, connu également sous le nom de Centre Beaubourg, le 5 mars 2018. (Alain Chémali)

C’est Mehdi Qotbi, le président de la Fondation marocaine des musées qui a tiré le premier. Dans une lettre datée du 2 novembre 2018 et adressée à Serge Lasvignes, le président du Centre Georges Pompidou, il a accusé le centre de participer à une opération de «propagande d'un mouvement séparatiste financé notoirement par l'Algérie», en acceptant de montrer des photos de soldats marocains morts dans ce conflit.
 
«Un acte de barbarie»
En cause un ouvrage intitulé Necessita dei volti (Nécessité des visages), réalisé par un collectif d’artistes principalement italiens qui comporte un ensemble de photographies réalisées à partir d’archives consacrées aux années de conflit dans le Sahara Occidental, détenues par un musée algérien. 
 
Il était entré dans la collection de photographies du centre Pompidou et avait déjà été présenté au public en 2012, a rappelé le service de presse du Centre. Il devait être «temporairement présenté en contrepoint d'un film d'une artiste daghestanaise sur la difficulté de transmettre son patrimoine dans son pays».
 
Les médias marocains se sont emparés de l’affaire à partir d’une dépêche de l’agence de presse officielle algérienne annonçant que «le Centre Georges Pompidou consacre une galerie à la lutte du peuple sahraoui».
 
Le site Atlas Info.fr qui a rapporté l’information précise que «l’instigateur de cette initiative douteuse» est un certain Jean Lamore, «connu pour être un activiste et un propagandiste du Polisario».
 
Et le site de qualifier l’exposition d’«acte de barbarie, qui consiste à délester les morts de leurs biens et à en faire commerce, souillant ainsi la mémoire des soldats ayant combattu pour l’intégrité territoriale du royaume».
 
La reculade du Centre Georges Pompidou
Face à «la consternation dans les milieux artistiques et politiques» au Maroc, exprimée par Mehdi Qotbi et les médias, le Centre Pompidou a tenté d’expliquer sa reculade.
 
«Ayant constaté ces derniers jours une forme d'instrumentalisation politique de la seule présentation de ce document, il n'était manifestement plus possible de le présenter au public sans l'accompagner d'un appareil critique et d'une médiation spécifique, ce qui n'était pas l'objet ici. Nous avons donc décidé de suspendre sa présentation», a indiqué le service de presse du musée.
 
«Il ne s'agissait nullement d'une exposition mais de la simple présentation d'un livre d'artistes au sein d'une salle des collections permanentes du musée», a-t-il souligné.
 
Censure sous pression ou crainte de l’incident diplomatique? Le retrait de l’ouvrage intervient en plein anniversaire de la Marche verte lancée il y a 43 ans par le Roi Hassan II, pour imposer sa souveraineté sur le Sahara Occidental après le départ de la puissance coloniale espagnole.
 
Au moment où l’émissaire de l’ONU pour le Sahara Occidental, Horst Kohler, a convoqué les quatre protagonistes du dossier à une table ronde pour les 5 et 6 décembre 2018 à Genève, l’épisode vient lui rappeler les ramifications interminables de ce conflit et les difficultés qui n’ont pas fini de se dresser sur le chemin d’une solution.

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