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Rwanda : des militaires français accusés de viol

Des militaires français qui violent des femmes Tutsi, ou les brutalisent, en pleine opération Turquoise (du 22 juin au 22 août 1994), officiellement censée protéger les populations menacées, en plein génocide. Benoît Collombat a rencontré ces femmes qui acceptent de briser publiquement pour la première fois un tabou.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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  (Radio France © AFP/Hocine Zaourar)

Les trois Rwandaises devaient être entendues à partir d'aujourd'hui, pendant 3 jours, par le juge d’instruction du Tribunal aux armées de Paris (TAP), Frédéric Digne, dans le cadre d’une plainte contre X pour “crimes contre l’humanité” et “participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime contre l’humanité.”
_ Ces trois femmes sont venues spécialement du Rwanda pour être entendues par la justice militaire française. Mais cette audition a finalement été annulée, hier, en raison d'un empêchement de dernière minute du magistrat.

L'une des trois plaignantes se fait appeler Olive.
Elle accuse des militaires français de l'avoir violée.
“ Des viols collectifs ”, dit-elle dans l'un des camps sous contrôle de l'armée française, censée les protéger.
“Parfois, il y avait jusqu'à une dizaine de militaires français qui me violaient. Aucun ne m'a porté assistance.
Ils venaient à deux m'arracher de ma tente, pendant que d'autres faisaient la même chose juste à côté.
On se retrouvait toutes dans la tente des militaires qui disaient aux autres : «Venez, les filles sont là !» C'était comme un repas quotidien.”
Elle explique même que “d'autres fois, ces militaires en uniforme nous emmenaient en brousse, ils étalaient un drap, nous violaient tout en prenant des photos ”.
“Maintenant, je veux la justice pour retrouver ma dignité ”.

Quand il a appris le viol, son mari l'a abandonnée.

A ses côtés, Françoise, encore un pseudonyme, violée elle aussi mais dans un autre camp sous contrôle français.
Des Français décrits comme soutiens actifs des extrémistes Hutus.
_ “Ils nous ont violées parce qu'on étaient Tutsi ! Beaucoup de militaires étaient persuadés que nous n'allions pas survivre.
Ils étaient vraiment du côté des milices extrémistes Hutus”.

L'armée française a jusqu'ici toujours démenti les accusations de viols.
_ Les trois plaignantes Rwandaises seront reconvoquées par la justice dans les prochaines semaines.

Benoit Collombat

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