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RDC: le Dr Mukwege, qui soigne les femmes violées, n'est plus protégé par l'ONU

Les Casques bleus n’assurent plus la protection permanente du Dr Mukwege dans l’est du Congo. «L'homme qui répare les femmes» dans le Sud-Kivu est inquiet. La région est très instable. Sa vie et celles de ses patientes sont en danger.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le Dr Denis Mukwege dans le documentaire réalisé par Thierry Michel, «L'homme qui répare les femmes».  ( AFP)

 
Depuis 1999, l’hôpital Panzi situé à Bukavu, dans l’est de la République démocratique du Congo, a accueilli et soigné plus de 40.000 femmes. Toutes ont été victimes de viols dans cette zone de conflits où sévissent des dizaines de groupes armés.
«On risque notre vie quand on soigne dans le Kivu. Il n’y a pas d’Etat, pas de justice ni de police pour nous protéger. Même les Casques bleus ne nous protègent plus», révélait le 9 mai 2017, le Dr Mukwege au journal La Croix
 
Service minimum pour les Casques bleus 
L’hôpital Panzi et son fondateur étaient protégés depuis 2014 par les Casques bleus. «Cette protection permanente a été retirée après le départ (fin 2015) de Martin Kobler, le représentant des Nations Unies en République démocratique du Congo. On ne m’a donné aucune explication», précise le Dr Mukwege qui bénéficie d’une protection lors de ses déplacements seulement. En 2012, il avait échappé à une tentative d’assassinat en plein centre de Bukavu.
 
Menace permanente
La sécurité dans l’est du Congo reste très volatile. En avril 2017, un gynécologue congolais proche du Dr Mukwege a été assassiné dans sa maison à Bukavu.
Gildo Byamungo ne bénéficiait plus de la protection de l’ONU. Il avait été pourtant plusieurs fois menacé. «J’étais avec lui un jour avant sa mort. Comme nous tous, il se savait menacé. Il m’en avait parlé: il recevait des menaces écrites et verbales», affirme Mukwege.
 
«Notre action qui gêne»
Dans ce contexte d’insécurité, la fondation Panzi demande à la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) de protéger l’hôpital, son personnel et les jeunes femmes qui y sont accueillies. Un message clair qui fait écho à celui du Dr Mukwege dans le journal La Croix. «Notre action gêne: nous soignons les victimes de la violence et de la barbarie dans le Kivu. Elles nous parlent, nomment leurs bourreaux. Cela n’est pas du goût de ceux qui commettent ces actions et de ceux qui les dictent.» 


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