Coronavirus: "En RDC, beaucoup de personnes se cachent car elles ont honte d'être malades"
Vidiye Tshimanga, conseiller du président congolais, a annoncé qu’il était atteint par le coronavirus. Il raconte à franceinfo Afrique pourquoi il a choisi de témoigner, tandis que la maladie est taboue dans le pays.
Vidiye Tshimanga, conseiller spécial du président Tshisekedi, est l'un des premiers Congolais à avoir fait le test de dépistage du coronavirus en République démocratique du Congo, le 23 mars 2020. Après un résultat positif et une prise en charge difficile, il raconte son histoire sur sa page Facebook et répond à franceinfo Afrique.
"Une maladie honteuse"
Vidiye Tshimanga, la quarantaine, vit à Kinshasa où l’on compte le plus grand nombre de cas confirmés de coronavirus (154 cas à ce jour) du pays. Lorsqu’il tombe malade, certains soignants mal informés refusent de s’occuper de lui. Le personnel médical n'était pas préparé et la majorité des Congolais sont insuffisamment renseignés. Cette nouvelle maladie fait peur et l'on stigmatise toute personne atteinte du virus. Certains patients se cachent parfois pour ne pas être dénoncés.
Je ne serais pas étonné de voir un jour quelqu’un dire : 'Brûlez-le parce qu’il est atteint du Covid-19.' On risque d’être débordés par des situations incontrôlables
Vidiye Tshimanga, conseiller du président de la RDCà franceinfo Afrique
"Une vague de maux de tête impressionnante"
Et c’est justement pour éviter la psychose et donner un exemple positif que ce père de famille raconte sa maladie, puis sa rémission. Vidiye Tshimanga qui avait des symptômes légers a été soigné à la chloroquine associée au Zithromax (azithromycine) en restant en isolement, chez lui. Ce responsable politique insiste beaucoup sur la transmission de l'information pour que les Congolais comprennent mieux la situation sans se sentir coupables. Il pense d’ailleurs que le Coronavirus était présent en RDC dès la fin de l'année dernière et que plusieurs personnes l’ont déjà contracté sans le savoir. Il y a eu, selon lui, une vague de migraines, de maux de tête et de fièvre que l'on prenait pour une grippe.
J’ai l’impression que nous avons été touchés par ce virus il y a plusieurs mois. Il y a eu un taux de mortalité impressionnant à Kinshasa en décembre
Vidiye Tshimanga, conseiller du président de la RDCà franceinfo Afrique
"Nous avons l'expérience d'Ebola"
Le premier cas confirmé de coronavirus a été annoncé le 10 mars 2020, mais il y a très peu de dépistage (à peine une cinquantaine par jour) et tous les chiffres qui circulent sont en deça de la réalité. La mobilisation contre l’épidémie a commencé d’une manière chaotique. A Kinshasa, une ville qui compte plus de vingt millions d'habitants, il est extrêmement difficile d’imposer un confinement général. Seule la commune de La Gombe, considérée comme l’épicentre de l’épidémie, a été mise en quarantaine pour éviter la propagation du virus. Comme le pays manque de moyens pour soigner les cas les plus graves, Vidiye Tshimanga insiste sur la sensibilisation et la prévention.
Cette maladie, si on en transforme la perception et on adapte nos mécanismes, elle devrait être plus gérable qu’Ebola
Vidiye Tshimanga, conseiller du président de la RDCà franceinfo Afrique
Vidiye Tshimanga reconnaît que le coronavirus est "une maladie sournoise". Il a lui-même perdu un ami proche. Il rappelle néanmoins que son pays a connu et combattu d'autres maladies parfois plus mortelles comme Ebola, dont la dernière épidémie, qui a durement frappé l'est de la RDC, est circonscrite. La riposte avait été menée par le professeur congolais Jean-Jaques Muyembe. Le co-découvreur d'Ebola est désormais en guerre contre le coronavirus.
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