Probo Koala : l'affréteur du cargo témoigne
Ils sont six. La multinationale Trafigura, qui avait affrété le cargo, un de ses employés, le capitaine ukrainien du Probo Koala, la société Amsterdam Port Services (APS) chargée du traitement des déchets, son ancien directeur et la ville d'Amsterdam, gestionnaire du port, sont poursuivis dans cette affaire.
S’il y a un procès à Amsterdam c’est parce que le bateau y a fait escale trois semaines avant Abidjan. Trafigura est poursuivie pour infraction à la législation sur l'importation et l'exportation de déchets, pour ne pas avoir mentionné leur nature et pour faux en écriture.
Selon le parquet, les autorités portuaires auraient dû stopper le bateau, plutôt que de le laisser continuer à transporter des déchets aussi dangereux ce qui est interdit selon plusieurs conventions. C’est donc surtout la responsabilité des autorités et de la société de traitement qui est mise en cause mais une amende de plus de deux millions d'euros a été requise à l'encontre de la compagnie Trafigura.
Tous les prévenus ont plaidé non coupable lors du procès qui s'était ouvert le 1er juin et s'était achevé le 9 juillet. Pour les associations des droits de l’homme et environnementales comme Greenpeace c’est déjà bien que, quatre ans après les faits, les responsables de Trafigura doivent faire face aux juges. Cependant, l’ONG regrette que le procès ne juge que l’escale à Amsterdam et ne rouvre pas l’affaire en Côte d’Ivoire.
Retour sur l’affaire à Abidjan
Le Probo Koala s’est fait un nom quand, à l’été 2006 dans la banlieue d’Abidjan, des déchets toxiques sont déversés dans une décharge. La justice ivoirienne estime qu’en pénétrant dans le sol et dans l’eau, ils ont contaminé des milliers de personnes et même fait 17 victimes.
Très vite l’enquête remonte jusqu’au Probo Koala : un bateau affrété par une société hollando-suisse Trafigura. Cette société de négoce en matières premières (produits pétroliers, minerais de fer) et ses sous-traitants sont accusés de s’être débarrassé de ses slops : les eaux usées des cales du bateau dans une décharge qui n’était pas équipée pour cela, puisqu’elles demandent un traitement spécialisé pour éviter notamment les émanations d’hydrogène sulfuré, un gaz très toxique.
Les dirigeants de Trafigura et d’autres sociétés, dont l’un des fondateurs, un Français, se rendent rapidement à Abidjan et deux d’entre eux sont incarcérés pendant cinq mois.
Des comités de victimes des déchets toxiques ont intenté une action de groupe devant la justice britannique (où ce type d’action est possible). Mais tout s’est soldé par des accords financiers. Le premier en 2007 de 150 millions d’euros avec le gouvernement ivoirien pour libérer les dirigeants et le deuxième signé en septembre dernier reconnaît 31.000 victimes et leur verse environ 1.000 euros chacune.
Cependant, l’accord stipule que les déchets n’ont pu causer que des intoxications légères assimilées à des états grippaux et non des morts, des fausses couches ou des malformations. Pourtant un rapport de l'ONU publié en septembre 2009 avait assuré le contraire.
Anne-Laure Barral
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