Pourquoi Médecins sans frontières se retire de Somalie
L'organisation humanitaire a annoncé, mercredi, son départ de ce pays en état permanent de guerre civile.
L'organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) a annoncé, mercredi 14 août, son retrait de Somalie, après vingt-deux ans de présence continue dans ce pays en état permanent de guerre civile. Chefs de guerres, de clans, groupes criminels ou insurgés islamistes se battent pour le contrôle de portions de territoire. Les combats, auxquels s'ajoutent des sécheresses chroniques, ont fait des millions de réfugiés et déplacés depuis deux décennies.
MSF, dont les activités allaient des soins de base aux chirurgies lourdes, a soigné plus de 300 000 Somaliens au cours du premier semestre 2013. Elle était l'une des rares ONG internationales encore actives sur place, mais invoque aujourd'hui de graves problèmes de sécurité, rendant impossible sa mission d'aide aux populations. Quels sont-ils ?
"Des agressions extrêmement graves"
MSF dit avoir pris sa décision "à la suite d'agressions extrêmement graves sur les équipes". Deux employées espagnoles ont notamment été retenues pendant 21 mois en Somalie, avant d'être libérées en juillet. Ce "n'est pas le seul incident qui nous a conduits à prendre cette décision, selon l'ONG. C'est la goutte qui a fait déborder le vase. Au cours des 22 dernières années, 16 de nos employés ont été tués et des dizaines d'attaques contre des personnes, des véhicules et des hôpitaux" ont été recensées.
Les principes humanitaires bafoués
"Le respect des principes humanitaires, toujours fragile dans les zones de conflit, n'existe plus en Somalie aujourd'hui", estime MSF. "Si des chefs, des parties et des groupes armés ne reconnaissent pas la valeur de l'action humanitaire, (...) il nous est très difficile d'avoir accès aux gens qui ont besoin de soins", déplore l'organisation. Le département d'Etat américain a dénoncé le mouvement islamiste Al-Shabbaab, qui "a continué à montrer son intention de perturber les efforts des travailleurs humanitaires".
Des autorités laxistes
Si l'ONG affirme que "[sa] sécurité ne dépend pas du gouvernement" somalien, elle constate "un contexte où les groupes armés et les autorités civiles tolèrent, voire soutiennent, les assassinats, les enlèvements et les attaques à l'encontre des travailleurs humanitaires". En décembre 2011, deux membres de MSF ont été assassinés à Mogadiscio. MSF affirme que leur agresseur, qui a été condamné, a bénéficié d'une libération anticipée.
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