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Sahel : la difficile lutte contre les groupes djihadistes

Les attaques se multiplient dans le sud-ouest du Niger, une région frontalière du Mali. La dernière a visé, le 21 octobre 2017, un poste de gendarmerie faisant 13 morts parmi les gendarmes nigériens. Au début du mois, une patrouille mixte comprenant des forces spéciales de l'armée américaine a été prise au piège dans cette même zone.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des forces spéciales de l'armée américaine en compagnie d'un soldat nigérien lors d'exercices militaires à Diffa, au Niger, le 11 mars 2017. 

	  (Zayid BALLESTEROS / US ARMY / AFP)

La région de Tillabéri, dans l’ouest du Niger, tout près de la frontière malienne, est devenue une zone à haut risques avec de attaques en série. La plus médiatique est sans doute celle qui a coûté la vie à quatre soldats d’élite américains, le 4 octobre 2017. Ce jour-là, une patrouille américano-nigérienne est tombée dans une embuscade tendue par un groupe djihadiste lié au groupe Etat islamique, selon Washington.

Le point rouge représente le village de Tongo Tongo dans la région de Tillabéri où a eu lieu l'attaque contre une patrouille américano-nigérienne début octobre 2017. (Capture d'écran )

 
Frontières poreuses
L’attaque était visiblement très bien préparée. Elle a été menée par des éléments armés infiltrés du Mali voisin à bord d’une dizaine de véhicules et une vingtaine de motos, comme l’a annoncé le ministère nigérien de la Défense. Ce genre d’opérations est fréquent et touche d’autres pays du Sahel comme le Burkina Faso. Les groupes djihadistes dispersés dans la région profitent des frontières poreuses pour agir.
 
Complicités locales
Les djihadistes bénéficient souvent de soutiens de la part des habitants des localités où ils opèrent. Dernier exemple en date, l’attaque menée contre la patrouille américano-nigérienne. Un chef de village a été arrêté pour «complicité» avec les assaillants. Il est soupçonné d’avoir favorisé l’embuscade.
 
Et renseignements
La «complicité», autrement dit le renseignement, semble bien fonctionner du côté des djihadistes, notamment dans les régions pauvres et délaissées par l’Etat central. «C’est une région où les djihadistes ont été en mesure d’être plus présents que nous, inspirer la peur et certainement disposer d’éléments à même de leur donner des renseignements très précis » comme le précise à RFI, Mohammed Bazoum, ministre nigérien de l’Intérieur.
 
Méfiance des Occidentaux
Dans le même temps, la présence militaire occidentale suscite une grande méfiance. «Les forces occidentales sont souvent perçues comme des forces d’occupation qui sont là pour s’emparer des richesses du sous-sol ou protéger leurs intérêts», explique Lassina Diarra, l’auteur de «La Cédéao face au terrorisme transnational». Pour lui, le «renseignement humain» est considéré comme vital dans la lutte contre le terrorisme. 
 
Près de cinq ans après l’intervention militaire internationale lancée par la France au Mali, les groupes djihadistes ne sont pas neutralisés. Chassés des grandes villes du Nord, ils se recomposent dans l’immense région désertique du Sahel.

«Les opérations militaires extérieures peuvent, temporairement, endiguer les conflits armés et la prolifération des milices ; en revanche, elles sont inaptes à s’attaquer à leur terreau et risquent même, par un effet boomerang, de retourner les populations contre elles ou de disséminer des groupuscules tout à la fois mafieux, politiques et religieux», expliquait dès Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) dans un article du Monde diplomatique.  
 

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