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RDC: les «chégués» de Kinshasa favorables «à 100%» à une présidentielle fin 2018

Les enfants des rues de Kinshasa, appelés «chégués», ne participeront à la grande manifestation du 15 novembre 2017 organisée par l'opposition. Leur représentant, Théodore Talakwa, soutient le calendrier de la Commission électorale qui prévoit un scrutin présidentiel le 23 décembre 2018, alors que l'opposition réclame le départ du président Joseph Kabila dès la fin 2017.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La RDC est plongée dans une grave crise politique liée au maintien au pouvoir du président Kabila, dont le mandat a expiré depuis fin décembre 2016. (MUSTAFA MULOPWE / AFP)

Regroupés au sein de l’Union des Chégués et Faseurs de Kinshasa (UCHEFAK), les «chégués» de Kinshasa, ces enfants marginaux, sans domicile fixe et en rupture avec leur cercle familial, se sont invités dans la crise politique congolaise liée au maintien au pouvoir de Jospeh Kabila. Leur président et porte-parole, Théodore Talakwa, s'est tout d'abord fendu d'une «déclaration», rendue publique le 12 novembre 2017, dans laquelle il déclare: «Tous les chégués de Kinshasa acceptent et soutiennent bien à 100% le calendrier électoral pour le 23 décembre 2018 proposé par la Ceni», la Commission électorale nationale indépendante.


«C'est vrai qu'attendre neuf à dix mois ou même une année avant la date initiale des élections, c'est long mais cette date finira par arriver. C'est mieux de patienter que de tout casser», a précisé Théodore Talakwa, interrogé par l'AFP le 13 novembre. «Nous avons exhorté les chégués à ne pas participer à la manifestation du 15» qui risque de déclencher des «troubles», a-t-il ajouté.
 

L'oppostion et la société civile appellent, elles, à cette journée de mobilisation pour réclamer, dès la fin 2017, le départ du président Kabila et l'élection de son successeur avant le 23 décembre 2018. Toutes deux rejettent le calendrier électoral obtenu, selon le président de la Ceni Corneille Nangaa, «sous la pression internationale, des acteurs politiques et de la société civile congolaise». 

Quant aux chégués, ils estiment être les premiers réprimés lors des manifestations et se disent manipulés par les politiciens. «Eux et leurs enfants resteront dans leurs maisons et c'est le chégué qu'on veut envoyer mourirNous avons déjà perdu plusieurs d'entre nous pendant ce genre de manifestation», a poursuivi Théodore Talakwa, affirmant avoir lui-même vécu 23 ans dans la rue. 

Ces enfants des rues seraient, d'après Caritas Congo, quelque 30.000 dans la mégapole kinoise, qui compte environ 10 millions d'habitants. Premières victimes de la pauvreté et des crises économiques de la RDC, ils opèrent en nombre dans le centre-ville de Kinshasa et dans plusieurs quartiers de la capitale se faufilant entre les voitures pour voler des sacs, de l'argent ou des portables.

Premiers chégués dans les années 20
Leur présence dans la capitale, alors Léopoldville, remonte aux années 20, selon l'historien Elika M'bokolo. Ce vagabondage, qui perdure et s'organise en véritable marché parallèle dans le grand marché de Kinshasa, est décrit dans le roman Congo Inc de l'écrivain congolais In Koli Jean Bofane.

L'origine du nom chégué viendrait, selon les sources, d'une déformation de l'espace européen de libre circulation Schengen ou d'un hommage au guérillero argentino-cubain Ernesto Che Guevara, qui a pris la tête d'un mouvement de guérilla dans l'est du Congo dans les années 60.

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