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Présidentielle au Mali : un second tour sous le signe de la suspicion
Les Maliens sont convoqués pour le second tour de la présidentielle le 12 août 2018. Les résultats provisoires du premier tour ont été confirmés par la Cour constitutionnelle qui a rejeté le recours de l'opposition. Cette dernière a dénoncé un scrutin entaché d'irrégularités.
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La Cour constitutionnelle malienne a confirmé le 6 août 2018 un second tour entre le président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, et le chef de file de l'opposition, Soumaïla Cissé, en dépit des recours de l'opposition qui ont été rejetés. Les deux hommes auront à peine 48 heures pour convaincre les électeurs avant le deuxième tour prévu le 12 août 2018.
L'actuel président malien, qui brigue un second mandat à 73 ans, a terminé largement en tête du premier tour tenu le 29 juillet, avec 41,70% des suffrages, selon les résultats définitifs proclamés par la présidente de la Cour constitutionnelle, Manassa Danioko, alors que des résultats provisoires annoncés la semaine dernière lui attribuaient 41,42%. Son rival comme en 2013, Soumaïla Cissé, 68 ans, qui clamait depuis lors que ces éléments n'étaient «ni sincères, ni crédibles», a vu son score très légèrement revu à la baisse à 17,78%, contre 17,8%.
L'opposition avait déposé plus d'une vingtaine de requêtes, dont certaines demandaient l'annulation totale du premier tour, en raison d'allégations de «bourrages d'urnes», surtout dans le centre et le nord du pays. La plus haute juridiction du pays a déclaré «irrecevables» la plupart de ces requêtes, faute d'avoir été déposées dans les délais, et en a rejeté trois. Elle a également retoqué les demandes de récusation déposées contre plusieurs de ses membres par les trois principaux candidats de l'opposition, expliquant qu'il n'existait «aucune procédure constitutionnelle de récusation».
La transparence, nœud gordien de la présidentielle malienne
Réclamés tant par l'opposition que la communauté internationale, les résultats du premier tour, bureau de vote par bureau de vote, ont commencé à être publiés, depuis la proclamation des résultats, sur le site du ministère de l'Administration territoriale et de la Décentralisation qui a précisé que ces chiffres n'avaient «pas de valeur juridique». En outre, le gouvernement malien a reconnu que quelque 245.888 électeurs «n'ont pas pu voter pour diverses raisons», en publiant une liste de 871 bureaux de vote où le scrutin n'avait pas pu se tenir.
La mission d'observation de l'Union européenne a exprimé sa «satisfaction» dans un communiqué publié le 7 août 2018 à la suite de la publication du document. Elle en avait fait la requête dès la fermeture des bureaux de vote le 29 juillet 2018. Cependant, elle a invité «les autorités (à prendre) toutes les mesures nécessaires de manière à garantir le droit de vote à tous les électeurs» pour le second tour.
Les 18 candidats de l'opposition, dont Soumaïla Cissé, qui ont constitué un «front démocratique contre la fraude», se sont réunis dans la soirée du 6 août pour envisager la suite, selon une source qui n'a pas précisé la teneur de leurs échanges. Au lendemain de la proclamation des résultats, Soumaïla Cissé avait invité les candidats de l'opposition à faire barrage, autour de lui, contre le président sortant. Un appel qui ne semble pas avoir été entendu par les candidats arrivés troisième (7,95%), l'homme d'affaires Aliou Diarra, et quatrième (7,46%), l'ancien Premier minstre Cheikh Modibo Diarra, au premier tour. Ils ont annoncé qu'ils ne donnaient aucune consigne de vote.
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