Mozambique : le président Filipe Nyusi largement réélu, l'opposition dénonce des violences et des fraudes
Le président sortant remporte l’élection présidentielle avec plus de 70% des suffrages, selon les résultats officiels proclamés le 27 octobre 2019 par la Commission électorale. L'opposition demande de nouvelles élections.
Les Mozambicains ont élu leur président, leurs députés et leurs assemblées provinciales, à l'issue d'une campagne électorale marquée par de nombreuses violences. Les résultats officiels ont été annoncés le 27 octobre 2019 par le président de la commission électorale Abdul Carimo. Le président sortant Filipe Nyusi, candidat du Frelimo, le parti au pouvoir depuis l'indépendance, a été reconduit à la tête du pays pour un nouveau mandat de cinq ans, après avoir recueilli 73% des voix contre 22% à son principal opposant Ossufo Momade, de la Renamo.
Le Frelimo, qui dirige le Mozambique sans partage depuis 1975, a également remporté 184 des 250 sièges à l'Assemblée nationale. Ses militants avaient commencé à célébrer la victoire dans la capitale, avant même l'annonce officielle des résultats. La Renamo espérait, avant le scrutin, prendre le contrôle de plusieurs des provinces du pays. Elle pourrait finalement ne l'emporter dans aucune d'entre elles.
Des électeurs fantômes
Le Frelimo a tout fait pour verrouiller le scrutin. Les principales missions internationales d'observateurs ont dénoncé de nombreuses irrégularités dans le processus électoral. L'ambassade des Etats-Unis a notamment cité des "divergences" entre les listes électorales et le recensement démographique dans plusieurs régions.
Dans la province de Gaza (sud), les ONG locales ont indiqué avoir relevé la présence de "300 000 électeurs 'fantômes'". Les observateurs internationaux se sont aussi étonnés que dans nombre de bureaux de vote, le taux de participation affiché en fin de journée était à "près de 100%", alors qu'il était resté "faible jusque dans le milieu de l'après-midi".
Huit membres de la Commission électorale ont également dénoncé "des anomalies du processus électoral". Ces responsables estiment qu'Abdul Carimo le président de cette instance est au service du Frelimo, le parti au pouvoir.
Assassinats et violences
La Renamo, principal parti d'opposition dont Ossufo Momade était le candidat, avait appelé dès le 25 octobre à la tenue de "nouvelles élections", dénonçant des "fraudes électorales massives" et des opérations d'intimidation des électeurs. Ce jour-là, les corps criblés de balles de la dirigeante de la Ligue des femmes de la Renamo et de son mari ont été retrouvés dans la province de Tete (ouest), a annoncé le représentant local de ce parti, Evaristo Sixpense. Leur disparition avait été signalée à la veille du scrutin. Selon M. Sixpense, ils ont été victimes d'une embuscade tendue par des inconnus au moment où ils distribuaient des copies des listes électorales. Leur mort porte à dix le nombre des personnes tuées depuis le début de la campagne électorale, selon la mission locale d'observateurs Centro de Integridade Publica.
Ces élections avaient valeur de test après le fragile accord de paix conclu le 1er août 2019 entre le parti au pouvoir et la Renamo, l'ex-rébellion active pendant la guerre civile (1975-1992). Cet accord était censé mettre un point final à leurs affrontements, récurrents depuis plus de quarante ans. La campagne électorale n'a finalement fait que raviver les tensions entre les deux camps.
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