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Montés sur leurs dromadaires, les méharistes protègent dans le désert les frontières de la Mauritanie

Le désert du sud-est mauritanien n'a aucun secret pour les membres du Groupement nomade (GN) de la garde nationale, une unité de soldats qui le sillonnent à dos de dromadaires. Depuis des décennies, dans le Hodh Ech Chargui, une région rude du Sahel, ils surveillent les caravanes et les trafics en tout genre. 

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les méharistes du Groupement nomade de la garde nationale mauritanienne (THOMAS SAMSON / AFP)

"Durement frappée par les attentats djihadistes et les enlèvements d'étrangers dans les années 2000, la Mauritanie a engagé une politique volontariste : remise sur pied de l'armée, surveillance accrue du territoire et aide au développement des zones les plus reculées, en particulier aux abords des frontières avec le Mali", explique l'AFP.

Les méharistes, alors affectés en grande majorité à la surveillance de l'aéroport de Néma, avaient cessé de parcourir le désert. Mais aujourd'hui, l'Etat veut de nouveau leur confier la surveillance de ce territoire.

"Normalement, le GN comprend trois escadrons montés. Actuellement, je n’ai qu’un escadron sur chameaux et un escadron motorisé, soit une centaine d’hommes. Mais nous allons remonter en puissance", ajoute le chef du Groupement, le colonel Abderhamane Mohamed Saleh, interrogé par l'envoyé spécial du quotidien Ouest-France à Néma, Philippe Chapleau.

Sécurité et développement

Dans le cadre du Fonds européen de développement (FED), l'Union européenne va octroyer 13 millions d'euros pour renforcer la sécurité du territoire en intensifiant les patrouilles et aider au développement du pays. Cet argent va permettre notamment d'effectuer des missions de contrôle des populations, de renseignement, de police administrative, de curage des puits…

Les méharistes de la Garde nationale mauritanienne  (THOMAS SAMSON / AFP)

"Mes hommes peuvent aider à creuser un puits. Mais ils servent aussi à recueillir du renseignement, grâce à leur proximité avec la population. (…) A dos de dromadaire, ils peuvent parcourir jusqu'à 70 km par jour, en autonomie pendant deux à quatre semaines", souligne un autre gradé, le colonel Abderahamane el-Khalil. "Là où l'Etat n'a pas d'infrastructure, dans les coins reculés, enclavés, on vient porter assistance à la population dans le domaine sanitaire, dans l'éducation..." , ajoute-t-il.

Trois axes

Les Fonds européens vont permettre de développer trois axes : infrastructure, recrutement et dotation en montures.

Les infrastructures pour le commandement seront installées à Oualata, dans un ancien fort français. "La rénovation du fort de 1921 permettra d’accueillir ce PC et un espace muséographique consacré à l’histoire des méharistes", explique François-Xavier Pons, le chef de mission de l'UE sur ce projet. Et de construire aussi à Achemim, entre Néma et Oualata, un centre d'instruction et un poste pour accueillir une partie de l'unité.

Recruter des hommes jeunes et fiables est la deuxième priorité de ce plan. Volonté, connaissance du désert et vocation militaire sont les qualités requises. Le recrutement sera local parmi les populations nomades de l’Est et parmi l’aristocratie guerrière du Hodh Ech Chargui.

Enfin, la troisième et dernière partie du projet concerne l'acquisition de nouvelles montures. L'utilisation de dromadaires n'a rien de folklorique dans ce pays. Il s'agit d'un véritable "outil"explique RFI. En contrepartie d'un cahier des charges et de procédures contraignantes, l'UE contribuera à hauteur d'environ 300.000 euros pour fournir environ 250 dromadaires précise Le Monde.

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