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Liberté de la presse: quatre pays africains mieux classés que la France

Le classement mondial 2018 de la liberté de la presse, qui évalue chaque année la situation du journalisme dans 180 pays, révèle un climat de haine de plus en plus marqué, affirme Reporters sans Frontières. Au niveau de l'Afrique, le Ghana (23e position), la Namibie, l’Afrique du Sud ou le Cap Vert (29e) se placent en haut du tableau. Quatre pays africains mieux classés que la France (33e).
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Carte de la liberté de la presse en Afrique selon le rapport 2018 de Reporters sans Frontières. (RSF)

«La libération de la haine contre les journalistes est l’une des pires menaces pour les démocraties», constate le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire. La carte du monde dressée par RSF à partir de son classement mondial de la liberté de la presse s'est encore assombrie: 21 pays sont désormais placés en situation «très grave», un niveau record, l'Irak ayant rejoint cette année cette catégorie où figurent des régimes autoritaires comme l'Egypte (161e), la Chine (176e) ou la Corée du Nord, toujours en 180e et dernière position.
 
Au niveau des grandes régions du monde, RSF classe l’Afrique en troisième position derrière l’Europe, l’Amérique mais devant l’Asie-Pacifique.

Norvège, Suède, Pays-Bas, Finlande ou Suisse… Voilà les pays les mieux notés par RSF en matière de liberté de la presse. Pays européens à fort pouvoir d’achat et à vie politique stable. Au niveau du continent africain, le premier pays à apparaître est le Ghana (23e position), suivi de la Namibie (26e), de l’Afrique du Sud (28e) ou du Cap Vert (29e). Quatre pays africains qui sont donc mieux classés que la France (33e).
 
Dans le bas du classement, si la Corée du Nord occupe la 180e et dernière place, elle est précédée, au niveau africain, par l’Erythrée (179e), le Soudan (174e), Djibouti (173e).

La situation en Afrique
«Les situations restent très contrastées sur le continent, où les journalistes sont encore régulièrement victimes d’intimidations, d’agressions ou d’arrestations», note RSF qui ajoute dans un commentaire sur cette liberté sur le continent que «mener des enquêtes est une activité particulièrement risquée pour les journalistes du continent africain».

L’ONG donne des exemples: «La couverture des manifestations à caractère social ou politique reste un exercice délicat dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne. Au Togo (86e), la correspondante d’une chaîne de télévision internationale s’est vu retirer son accréditation à la suite de ses reportages sur les rassemblements de l’opposition. En Guinée (104e), les propos du chef de l’Etat, qui a directement menacé de fermeture les médias susceptibles de donner la parole à un leader syndical, ont contribué à créer un climat d’hostilité à l’égard de la presse. Des radios ont été suspendues et des journalistes ont parfois été pris à partie par des manifestants. Les menaces et les agressions subies en marge de la contestation au Tchad (123e) ont conduit les journalistes à organiser une "journée sans presse" en février dernier.»

Liberté de la presse, indices régionaux. Plus la courbe baisse, plus la situation se dégrade.  (RSF)


L'Egypte «prison pour journalistes»
Parmi les grands pays du continent africain, l’Egypte est à la 161e place et qualifiée par RSF d'«une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes». L’ONG estime que «sept ans après la Révolution du 25 janvier 2011, la situation de la liberté de l’information est extrêmement préoccupante en Egypte. Certains journalistes passent des années en détention provisoire sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux ou sans jamais être jugés, d’autres sont condamnés à de lourdes peines de prison allant jusqu’à la perpétuité dans des procès iniques.»

Au niveau du Maghreb, le classement est relativement sévère. La Tunisie se classe 97e et RSF note que «la transition démocratique toujours en cours ne garantit pas encore une pleine liberté de l’information». Au Maroc (135e), «l’année 2017 a été marquée par de fortes pressions judiciaires sur les journalistes», affirme RSF, et en Algérie (136e) «depuis les dernières élections présidentielles, la liberté de l’information demeure fortement menacée».

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