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Le Pentagone commence à réajuster sa présence militaire en Afrique

Les Etats-Unis hésitent à réduire leurs forces en Afrique. Quelque 6000 soldats américains sont actuellement déployés sur le continent.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Le Secrétaire américain à la Défense Mark Esper envisage de réduire la présence des forces américaines en Afrique, ce qui inquiète la France engagée militairement au Sahel. Washington, le 14 janvier 2020. (JOSHUA ROBERTS / X01909)

Le département américain à la Défense a annoncé le 12 février 2020 une première réorganisation de ses forces en Afrique avec le rapatriement aux Etat-Unis d'une unité de combat de 800 hommes, qui sera remplacée par des "instructeurs" chargés de former les militaires africains.

"La 101e division aéroportée basée à Fort Campbell rentrera dans le Kentucky dans les semaines à venir", a annoncé le ministre de la Défense Mark Esper. Il a en revanche ordonné "le déploiement de la 1re Security Force Assistance Brigade (SFAB) de l'armée de terre sur le continent pour conduire des missions de formation, conseil et assistance", a indiqué une porte-parole du Pentagone, Alyssa Farah, dans un communiqué. "Les SFAB sont formés et équipés spécifiquement pour une mission de formation, de conseil et d'assistance. Cela leur permet de jouer ce rôle important d'influence de grande puissance et plus efficacement que les unités conventionnelles (de combat NDLR)", indique le communiqué.

Selon un responsable du Pentagone ayant requis l'anonymat, cet échange, qui est prévu dans quelques semaines, ne signifie pas qu'il y aura moins de militaires américains sur le terrain. Les unités rapatriées représenteraient à peu près les mêmes effectifs que les 800 "instructeurs" qui les remplaceront.

Moins exposer les soldats américains

Mais cette décision marque la volonté de rapatrier les unités de combat pour privilégier la formation des soldats africains. Les Etats-Unis veulent réduire leurs opérations anti-jihadistes dans le monde pour mieux se préparer à répondre à ce qu'ils considèrent comme une priorité : la menace de la Russie et de la Chine envers leur suprématie militaire dans le monde. Donald Trump a promis de "ramener les boys à la maison" avant l'élection présidentielle de novembre 2020. Un retrait d'Afghanistan, du Moyen-Orient et d'Afrique serait avant tout un affichage politique, car le danger persistera.

Le pentagone affirme d'ailleurs ne pas vouloir laisser le champ libre en Afrique à Moscou et Pékin, qui cherchent à accroître leur influence sur le continent, a souligné le 12 février le patron des forces terrestres américaines en Afrique, le général Roger Cloutier. "Le message que je transmets à mes partenaires (africains), c'est que nous ne partons pas", a indiqué le général Cloutier au cours d'une téléconférence au Pentagone. "Nous sommes encore impliqués."

Selon un récent rapport indépendant sur les opérations militaires américaines sur le continent africain, "la menace terroriste en Afrique persiste et en certains endroits, s'accroît". Le commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom) a modifié sa stratégie face aux groupes extrémistes sur le continent, en se fixant désormais l'objectif de les "contenir" et non plus de les "affaiblir", note l'inspecteur général Glenn Fine, dans ce rapport.

Se concentrer sur "la menace chinoise"

Quelque 6 000 militaires américains sont actuellement déployés en Afrique, précise le rapport, dont 800 en Afrique de l'Ouest où ils soutiennent notamment les efforts antijihadistes de la France au Sahel, et 500 éléments des forces spéciales en Somalie, où ils combattent les jihadistes shebabs, affiliés à Al-Qaïda. La plus grosse base américaine est celle de Camp Lemonnier, à Djibouti (3 000 militaires américains).

Plus globalement, les Etats-Unis veulent réduire leurs forces militaires au Proche-Orient et en Afrique. Même si un retrait américain d’Afrique de l’Ouest constituerait un coup dur pour les forces françaises qui combattent des groupes jihadistes au Mali, au Niger et au Burkina Faso.

D’autres annonces américaines sont attendues dans les semaines à venir. Le chef de la diplomatie US Mike Pompéo, qui entame le 15 février 2020 une visite en au Sénégal, en Angola et en Ethiopie, permettra peut être de clarifier la politique américaine sur le continent.

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