Le Niger pris dans la spirale des attaques jihadistes
Quatre militaires nigériens et 63 jihadistes ont été tués le 2 avril 2020 dans des combat dans l'ouest du pays, selon les autorités. Ces derniers mois, le groupe Etat islamique a revendiqué plusieurs attaques meurtrières dans la région de Tillabéri (sud-ouest du Niger), à la frontière avec le Mali et le Burkina Faso.
Quatre militaires nigériens et 63 "terroristes" ont été tués le 2 avril 2020, dans des combats entre l'armée nigérienne et des hommes "lourdement armés" dans la région de Tillabéri (sud-ouest), proche du Mali, a indiqué un communiqué du ministère nigérien de la Défense lu à la télévision publique le lendemain. "Aux environs de 15h30, des éléments des Forces armées nigériennes (FAN) ont eu un accrochage avec un groupe de terroristes lourdement armés à bord de plusieurs véhicules et une cinquantaine de motos. Le bilan provisoire est le suivant : côté ami, quatre morts et dix-neuf blessés ; côté ennemi, 63 terroristes neutralisés (tués)", selon le ministère.
"Après un combat acharné", les soldats, "en mission dans le cadre de l'opération (anti-terroriste) Almahaou (ce qui signifie Tourbillon en langue locale)" ont mis les assaillants "en fuite" et ont récupéré des dizaines de motos, des armes et divers matériels leur appartenant, selon le communiqué. Celui-ci précise que les combats ont eu lieu "à Tamalaoulaou dans le département d'Abala dans la région de Tillabéri". Des opérations de ratissage "ont été engagées" et "sont actuellement en cours", selon les autorités.
La région de Tillabéri est située dans la zone des trois frontières Niger-Mali-Burkina. La circulation des motos y est interdite de jour comme de nuit depuis janvier. But : contrôler les incursions des jihadistes qui opèrent généralement en deux-roues.
Les précédentes attaques dans la région
Selon un bilan officiel, 174 soldats ont été tués au cours de trois attaques dans cette zone en janvier et décembre, dont celle contre une base militaire à Chinégodar avec 89 morts (le 8 janvier 2020) et celle contre le camp Inates avec 71 morts (le 10 décembre 2019). Ces attaques ont été revendiquées par le groupe Etat islamique.
L'ensemble du Sahel est touché par les violences jihadistes, souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires. En 2019, celles-ci ont fait 4 000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso, selon l'ONU.
La présence de Boko Haram dans le sud-est du pays
Le Niger est également confronté à des violences dans la région de Diffa et dans celle du lac Tchad (sud-est). Niamey avait ainsi annoncé le 19 mars que son armée avait tué une "figure de proue" du groupe jihadiste Boko Haram, Ibrahim Fakoura, lors d'une opération dans les îles du lac Tchad, repaire d'islamistes venus du Nigeria voisin.
Des dizaines de civils et de militaires ont été tués. Selon l'ONU, Diffa, ville frontalière du Nigeria, "accueille 260 000 personnes déplacées du bassin du lac Tchad".
Tête de pont des Occidentaux
Mais dans cette situation troublée, "le Niger est perçu comme un pays relativement stable politiquement, comparé à ses voisins", expliquait Le Monde en 2017. Dans ce contexte, "les Etats-Unis ont fait du Niger leur tête de pont en Afrique". Ils ont ainsi installé dans la région d'Agadès (centre) une base de drones, répertoriée comme étant la "base 201" sur le site du Commandement américain pour l'Africom (Africom). 800 de ses militaires sont également apparemment stationnés dans le pays. En octobre 2017, quatre soldats américains et cinq nigériens étaient tombés lors d'une ambuscade tendue par des jihadistes dans le village de Tongo-Tongo (sud-ouest).
Des conseillers américains entraînent les forces nigériennes, selon l'Africom. Des personnels apportent également une aide aux civils. Entre autres pour "enseigner aux jeunes de la région d'Agadez (...) de bonnes habitudes d'hygiène dentaire"...
De son côté, la France possède une base aérienne sur l'aéroport de Niamey, la capitale. Des drones de la force Barkhane y disposent de bombes qu'ils sont capables de lâcher sur des cibles.
Début 2018, le ministre de la Défense nigérien, Kalla Moutari, affimait que ces bases militaires "sont d’abord au Niger pour contribuer au retour de la paix dans certains pays du Sahel". "C’est donc en raison de la proximité des théâtres d’opérations qu’il y a deux bases, une française pour les opérations au Mali et une américaine pour la Libye", précisait-il. "Ces forces apportent un appui utile aux Forces armées nigériennes notamment en termes de formation, d’équipements, de renseignement et même de conduites d’opérations conjointes. (Elles) ont des équipements et du matériel que nos forces de défense et de sécurité utilisent en appui dans leurs missions au bénéfice de la sécurité de notre pays".
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