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La Mauritanie s’attaque à l’islam politique «dangereux»
Les autorités mauritaniennes ont fermé, le 24 septembre 2018, un centre islamique de formation jugé «extrémiste» dans la banlieue de Nouakchott. Cette mesure intervient après une mise en garde officielle du président Mohamed Ould Abdel Aziz contre l’islam politique.
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Le centre de formation des oulémas (savants en sciences islamiques) a été fermé par la police sur ordre du gouvernement. Il est dirigé par le prédicateur mauritanien Mohamed El Hassan Ould Dedaw. Un théologien charismatique proche de la confrérie des Frères musulmans et du parti islamiste local Tewassoul.
Enseignement «extrémiste»
Le centre d’enseignement théologique fondé en 2007 par ce prédicateur forme des centaines d’étudiants de haut niveau mauritaniens et étrangers, notamment ouest-africains. Accusé de dispenser «un enseignement islamiste extrémiste», il a été interdit et fermé avant la reprise des cours.
En déplacement en Turquie, le dirigeant du centre s'est dit surpris de «cette décision qui n’a aucune raison et aucune justification», dans une interview à la télévision qatarie al-Jazeera. Mohamed El Hassan Ould Dedaw a aussi nié tout lien avec un quelconque Etat ou organisation.
Le contexte politique
Cette mesure fait suite aux élections municipales et régionales, lors desquelles le parti islamiste Tewassoul est arrivé en deuxième position, derrière le parti au pouvoir, confortant ainsi son statut de principale force d’opposition.
Durant la campagne électorale et dès l’annonce des résultats, le président Aziz a fait comprendre que la Mauritanie était en danger à cause du parti politique qui utilise et s’accapare l’islam. «L’islam politique a détruit des nations entières et rendu les meilleurs services aux Israéliens qui, au regard des conséquences de son activisme, sont d’ailleurs plus cléments que lui vis-à-vis du monde arabe.»
Le bras de fer
La fermeture du centre de formation des oulémas est l’une des mesures annoncées par le chef de l’Etat contre le parti islamiste. Ira-t-il plus loin en interdisant carrément Tewassoul?
«Ça ne nous fait pas peur», assure le chef du parti, Mohamed Mahmoud Ould Seyidi, en rejetant les accusations d’extrémisme et de terrorisme.
L’opposition radicale accuse pour sa part le président Aziz de vouloir briguer un troisième mandat en modifiant la Constitution. A un an de l’élection présidentielle, l’épreuve de force semble bien enclenchée.
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